Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, le chef de l'opposition officielle, Benoit Labonté, et le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, ont manifesté leur désapprobation après que le directeur du Service de police de la Ville de Montréal, Yvan Delorme, eut envoyé un courriel à ses employés pour leur dire qu'il accueillait «favorablement» une annonce faite par le parti du maire Tremblay.

Le maire avait déclaré, lors d'une conférence de presse le 5 octobre, que sa volonté était de ne «pas mettre des policières et des policiers à pied». Le lendemain, Yvan Delorme a envoyé le courriel en question, intitulé «Des nouvelles encourageantes». Il y écrit: «La direction du SPVM a toujours eu comme objectif premier de tout faire pour préserver les emplois de notre personnel et assurer la sécurité des citoyens de l'île de Montréal. En ce sens, elle accueille favorablement l'annonce faite par l'Équipe Tremblay-Union Montréal.»Cette dernière phrase peut être perçue comme un soutien officiel du chef Yvan Delorme au candidat Gérald Tremblay. «Je suis très surpris et je déplore, tout comme Mme Harel, que le chef de police ait fait un commentaire de nature partisane comme celui-là, dit M. Labonté. Parler de l'administration municipale, c'est une chose, mais faire un commentaire de nature partisane est extrêmement déplorable. En toutes circonstances, le chef de police devrait, à plus forte raison dans la joute électorale, rester au-dessus de la mêlée.»

M. Labonté espère que M. Delorme ne cherchait pas à remercier l'administration Tremblay de lui avoir donné, en août, une bonification de retraite de 400 000$ alors que son contrat n'expire que le 13 avril 2010.

Gérald Tremblay s'est défendu, hier, d'avoir demandé à M. Delorme de l'appuyer. «Les fonctionnaires, a-t-il dit, ne devraient pas s'impliquer en politique.» Avec Claude Dauphin, responsable de la sécurité publique au comité exécutif, il a dit avoir rencontré récemment Yvan Delorme pour lui demander d'équilibrer son budget sans recourir à des mises à pied. Le SPVM a trouvé 12 des 13,9 millions de coupes demandées.

«Je n'ai rien promis, a dit le maire. C'est à titre de maire de Montréal que je lui ai donné le mandat d'équilibrer son budget sans mises à pied. Quant à ce qu'il a fait après... je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle il a fait cette déclaration.»

Hier, le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a qualifié de «tout à fait inadmissible» la déclaration faite par M. Delorme dans son courriel. «Le maire doit réprimer, voire suspendre, son chef de police», a dit M. Bergeron.

La Presse a voulu parler au chef de police mais il n'a pas donné suite à nos appels. Son service de communications dit qu'il s'agit d'une «erreur de bonne foi». «L'intention n'était pas de prendre parti mais d'informer notre personnel, a dit Paul Chablo, responsable des communications. Ce genre de citation ne se reproduira plus.»

Le président de la Fraternité des policières et des policiers de Montréal (FPPM), Yves Francoeur, a déclaré: «Nous étions satisfaits nous aussi que le maire dise qu'il ne mettrait pas de policiers à pied, dit-il. Mais nous avons été plus qu'étonnés que le directeur, pour l'annoncer, nomme un parti politique dans un courriel envoyé à 7000 employés du SPVM.»

Selon le porte-parole du Directeur général des élections (DGEQ), Denis Dion, ce cas aurait pu être visé par l'article 284 de la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités, qui stipule qu'un fonctionnaire ou un employé d'une municipalité «ne peut se livrer à un travail de nature partisane relativement à une élection à un poste de membre du conseil de la municipalité».

Mais, après avoir étudié le cas, le DGEQ estime que «c'est de l'ordre de ce qu'un cadre envoie à ses employés».

Avec la collaboration de Karim Benessaieh