Le dévoilement des programmes électoraux de Projet Montréal et de Vision Montréal en matière de transports en commun, hier, a mis en lumière une approche différente des deux candidats à la mairie, Richard Bergeron et Louise Harel: si M. Bergeron veut métamorphoser la métropole avec la construction rapide de 33 km de tramway d'ici à l'automne 2012, Mme Harel estime que cette ambition n'est pas réaliste. Elle ne donne aucun échéancier pour le premier tramway.

Gérald Tremblay, lui, a déjà annoncé ses couleurs. Prolongement du métro jusqu'à Anjou et vers Saint-Laurent, navette ferroviaire vers Dorval, déploiement progressif d'un réseau de tramway et achat de 200 autobus articulés d'ici à 2011.Mais Richard Bergeron veut faire plus, plus vite: élu, il lancerait dès l'été prochain de grands travaux, non seulement pour refaire les rues, mais pour y ajouter, d'ici à 2017, 80 km de tramway et 60 km de voies réservées aux autobus.

Le tramway rejoindrait Anjou à partir de la station de métro Pie-IX. Il y aurait un tramway sur le boulevard Saint-Laurent jusqu'au boulevard Gouin, deux sur le boulevard René-Lévesque entre la rue Guy et l'avenue De Lorimier, et un autre relierait Griffintown à la station de métro Centre. Enfin, un tramway gratuit ferait une boucle dans le Vieux-Montréal.

M. Bergeron dit que les Montréalais vont adorer ce moyen de transport «luxueux, efficace et moderne». Il vantait le tramway dès 2001, avant que le maire Tremblay ne le découvre à Paris en 2006. «C'est un mode de transport de haut niveau, silencieux, esthétique, qui glisse tout en douceur et est accessible pour les personnes à mobilité réduite et pour les parents avec poussettes, dit-il. Et il ne coûte en moyenne que 40 millions le kilomètre, contre 150 millions pour le métro.»

Il propose aussi de geler le coût de la carte CAM à 60$ d'ici à 2014. Le coût de son programme de transports en commun est estimé à 1,2 milliard en quatre ans, soit 300 millions par an, sur un budget municipal de 4 milliards.

Mme Harel croit, quant à elle, qu'il est irresponsable de faire miroiter de tels changements alors que les études de faisabilité du tramway ne sont pas terminées et les sources de financement, non encore définies. «C'est de la surenchère de la part de M. Bergeron, a-t-elle dit hier. Avec lui, the sky is the limit» - une expression que Benoit Labonté a alors traduite par: «Y's'peut pus!»

Un programme plus modeste

Le programme de Vision Montréal est plus modeste. Il reprend des idées et des projets que contient le Plan de transport mis sur pied par le conseiller André Lavallée ou qui font partie des intentions de l'équipe du maire Tremblay, comme le projet d'accès universel aux transports en commun pour les étudiants de l'Université de Montréal ou de nouvelles voies réservées aux autobus. Vision Montréal propose un gel des tarifs de la STM mais seulement pour 2010 et veut augmenter les déplacements en transports en commun de 10% à 20% d'ici à 2013, notamment avec 400 autobus supplémentaires.

Richard Bergeron estime que seule l'offre rapide d'un tramway de grande qualité changera les habitudes des gens. «Ça ne se peut pas que Louise Harel n'offre que ça à la population, dit-il. On ne peut pas ne faire que ça alors que, depuis que l'administration Tremblay est au pouvoir, il y a 350 000 véhicules en plus à Montréal, soit un parc automobile en hausse de 25%. Il faut agir. Ça prend plus d'ambition. Nous, on agit tout de suite pour être à la hauteur des attentes de la population.»

Il pense que la Ville a les moyens de se doter d'un tramway aussi performant qu'en Europe ou aux États-Unis. Selon lui, la rentabilité viendra de l'augmentation de la fréquentation et des effets positifs du tramway sur l'économie.

«Avec un tramway sur René-Lévesque, le projet immobilier de Radio-Canada se vendra plus vite, dit-il. Celui de Griffintown se fera plus facilement. Au total, on parle de milliards d'investissements, donc plus d'impôts fonciers pour la Ville. Je pense même que la première phase pourrait se faire sans les péages. Il suffira d'augmenter les taxes au taux de l'inflation. Et on est tous d'accord qu'on a besoin d'une nouvelle source de financement qui devra venir des automobilistes.»

M. Bergeron promet aussi de ne pas augmenter les tarifs des parcomètres. «Ils ont quand même triplé, dit-il. On a épuisé le potentiel de cette source de revenus et la patience des gens. D'ailleurs, si je suis élu, les automobilistes ne paieront plus de parcomètres les lundis, mardis et mercredis après 18h. Et on reviendra à la gratuité le dimanche.»