Groupes communautaires et partis de l'opposition accusent l'administration Vaillancourt de rester les bras croisés pendant que les logements insalubres se multiplient à Laval. Ils ont réclamé hier que la troisième ville du Québec se dote de nouvelles règles et d'inspecteurs pour mieux protéger les locataires.

Des organismes qui militent pour le logement social ont profité de la campagne électorale pour interpeller les trois partis qui briguent la mairie de Laval. Et ils ont vivement critiqué le travail du maire sortant, Gilles Vaillancourt.

 

«Il n'y a vraiment rien qui se passe», a dénoncé Claudine Inizan, porte-parole de la Table régionale des organismes communautaires autonomes en logement de Laval.

Le groupe estime que plus de 12 000 logements ne respectent pas les normes de santé et de sécurité sur le territoire de Laval, et que les cas d'insalubrité sont de plus en plus fréquents.

Or, les locataires doivent payer les honoraires d'un technicien pour obtenir un rapport qui atteste que leur logement est insalubre. Ils doivent ensuite s'adresser à la Régie du logement pour obliger les propriétaires à réparer leur immeuble ou à réduire leur loyer. Dans ces conditions, fait valoir Claudine Inizan, les ménages les plus pauvres sont contraints de quitter leur logis sans avoir obtenu le moindre coup de pouce des autorités.

Vite un code du logement

Les organismes somment donc la prochaine administration municipale d'adopter un code du logement, comme l'a fait Montréal. Ils réclament aussi l'embauche d'inspecteurs pour en assurer le respect.

«Ça a été demandé plusieurs fois puisqu'il y a plusieurs cas manifestes d'insalubrité documentés, et la Ville baisse les bras», dénonce France Émond, du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

L'administration Vaillancourt a déjà refusé de doter la Ville d'un code du logement. Elle renvoie la balle au gouvernement provincial, car c'est lui qui réglemente en la matière, non les villes. La porte-parole du maire, Amélie Cliche, souligne d'ailleurs que Québec a délégué des pouvoirs à Montréal pour la mise en place de son code, en plus de lui verser des subventions.

«La municipalité ne s'immiscera pas dans les relations entre les propriétaires et les locataires», a-t-elle résumé.

Les adversaires du maire promettent de changer les choses. Le candidat du Parti au service des citoyens, Robert Bordeleau, promet d'adopter des règles beaucoup plus strictes pour obliger les propriétaires à entretenir leurs immeubles. Et il compte embaucher des inspecteurs pour les faire respecter.

«S'il faut mettre 10 inspecteurs, on va mettre 10 inspecteurs», a-t-il affirmé.

Le Mouvement lavallois abonde dans son sens. La candidate Lydia Aboulian souhaite adopter un code du logement et embaucher des inspecteurs. Elle promet aussi d'adopter une règle qui forcera les propriétaires de logements inadéquats à les réparer dans un délai d'un an. En contrepartie, ceux qui réaliseront les travaux profiteront d'un congé fiscal de cinq ans. «Ça bénéficiera à la fois aux locataires et aux propriétaires», a soutenu Mme Aboulian.