Louise Harel d'un côté, Gérald Tremblay de l'autre, et le 311 pour les questions du quotidien. Au-delà de cela, les Montréalais sont complètement perdus dans les structures municipales. Cet état de fait n'est sans doute pas étranger aux taux de participation anémiques aux élections montréalaises.

À Élections Montréal, on ne se fait pas d'illusion sur le degré de compréhension des électeurs. Sur le site internet, on commence par la base. «C'est quoi les élections? Dans une élection, les citoyens votent pour choisir le maire de la ville. Les citoyens votent pour choisir un maire d'arrondissement, un conseiller de la ville et un conseiller d'arrondissement.»

 

Si c'était aussi facile! C'est pourtant tout sauf limpide.

À titre d'exemple, sur leurs bulletins de vote, les citoyens de Ville-Marie n'auront que deux crochets à faire. Ils choisiront celui ou celle qu'ils veulent élire maire de la grande ville de Montréal, et ils éliront un conseiller de la ville. Contrairement à tous les autres arrondissements, ils ne pourront pas se choisir un maire d'arrondissement.

S'ajoutent à cela deux autres conseillers pour Ville-Marie, conseillers qui, ceux-là, seront nommés par le maire de Montréal parmi les autres conseillers élus dans d'autres arrondissements.

Vous suivez toujours?

Les gens de Ville-Marie auront donc deux cases à cocher. À LaSalle, où la population est moindre, les citoyens auront cinq choix à faire sur leur bulletin de vote.

Chacun à leur façon, les médias y vont de leurs efforts pédagogiques. La Presse a proposé il y a quelques semaines un tableau schématisant combien de cases les résidants de chaque arrondissement auront à cocher le 1er novembre.

Le journal Métro a proposé, le 25 septembre, un segment «La politique municipale pour les nuls». Il y avait un quiz dans lequel on devait associer les chefs à leur parti. Combien de lecteurs ont pu associer Richard Bergeron à Projet Montréal? Et le nom du parti de Louise O'Sullivan, déjà?

Ce qui n'aide en rien, c'est qu'on ne peut même plus compter sur les affiches ou les cartes de visite électorales pour associer ne serait-ce qu'un nom à un visage et à un parti.

Hormis Projet Montréal (le parti de Richard Bergeron), aucun parti n'installera d'affiches.

Au surplus, dans un arrondissement comme LaSalle, la carte de visite de Vision Montréal remise aux citoyens montre la photo de quatre candidats, mais nulle part n'est-il mentionné que c'est le parti de Louise Harel. Pas plus que la date des élections.

De toute façon, fini le temps où les gens connaissaient leurs conseillers et les appelaient quand ils voulaient se plaindre de quelque chose. Aucune des personnes interrogées ne connaissait le nom de ses conseillers, et très rares ont été celles qui ont pu donner le nom de leur maire d'arrondissement.

Ce que les gens connaissent de la Ville, ce n'est pas un conseiller, mais un numéro de téléphone: le 311. Au mieux.

«Si j'avais un problème, une plainte à formuler - le ramassage des déchets, disons -, je ne saurais pas du tout à qui m'adresser, admet Jean Derito, un résidant d'Ahuntsic. C'est du ressort de la grande Ville? De l'arrondissement? Je n'ai aucune idée qui fait quoi et, de toute façon, j'ai l'impression que c'est bidon, que les maires d'arrondissement ne sont que des marionnettes et que ça fait beaucoup de marionnettes qui nous coûtent cher.»

«Je me considère comme quelqu'un d'informé, mais j'ai l'impression de n'être pas arrivé à comprendre les lendemains des fusions-défusions, dit pour sa part Serge Simard, qui habite près du marché Atwater. Même si la ville est plus petite, j'ai bien l'impression que c'est plus compliqué ici qu'à Paris. Ce que je sais, en tout cas, c'est que la fois où j'ai fait une plainte à la Ville pour une poubelle brisée en face de chez moi, ç'a pris huit mois avant qu'on ne la répare.»

«Je lis, je suis conscient que c'est important parce que le gouvernement municipal, c'est vraiment le niveau qui nous touche au jour le jour, dit pour sa part Angelo Diacoumacos, un enseignant qui habite à Saint-Laurent. N'empêche, j'ai beau lire, m'intéresser à l'actualité et enseigner l'éducation à la citoyenneté à l'école, je m'y perds moi aussi. C'est vraiment très compliqué.»

 

BEAUCOUP D'ÉLUS MAIS PEU DE VOTES

> Taux de participation aux élections montréalaises de 2005: 39,1%

> Baisse du taux de participation aux élections à Montréal par rapport à 2001:10%

> Taux de participation aux dernières élections municipales partielles à Montréal:

Rosemont, 24 septembre 2006 : 23%

Outremont, 16 décembre 2007 : 29%

Ahuntsic,21 septembre 2008 : 30%

Saint-Léonard, 21 septembre 2008: 25%

LaSalle, 14 décembre 2008 : 18%

> Nombre d'élus pour certaines villes (excluant les maires):

Montréal: 103 (1,8 million d'habitants)

Toronto: 45 (2,5 millions d'habitants)

Ottawa: 23 (812 000 habitants)

Vancouver: 10 (578 000 habitants)

Pendant ce temps, ailleurs au Québec, aux dernières élections municipales de 2005:

> Nombres de maires élus sans opposition: 605

> Nombre de conseillers élus sans opposition: 4302