«Les Lavallois, ce sont des gens plutôt aisés qui ne veulent rien risquer. Ils envoient le Bloc à Ottawa parce qu'ils se sentent mieux représentés par lui à Ottawa, mais ils n'ont pas pour autant envie de se séparer. »

Telle est l'analyse de Céline Lorrain, une commis-comptable de Sainte-Dorothée qui, dans le temps, adorait René Lévesque et votait pour le Parti québécois. Au fédéral, qui appuiera-t-elle aujourd'hui ? Stephen Harper, « parce qu'il m'apparaît être le plus crédible ».

Charles, qui a toujours voté pour le NPD, s'inquiète justement que « Laval vire du bord des conservateurs ». « Mes parents ont toujours voté pour les libéraux, mais la dernière fois, ils ont voté pour Harper et j'entends de plus en plus de gens qui envisagent eux aussi de voter pour lui. »

« La dernière fois, j'ai appuyé le Bloc, mais là, j'hésite entre ce parti et les libéraux, explique Pierre St-Onge, qui réside à Laval-des-Rapides. C'est vrai que le Bloc a fait une bonne opposition, notamment dans l'histoire du scandale des commandites, mais pour le reste, il ne nous apporte pas grand-chose. »

Serge Ménard, député bloquiste dans Marc-Aurèle-Fortin, ne joue pas à l'autruche. Il ne nie pas que la pertinence du Bloc soit davantage remise en question que d'habitude. « C'est sûr que les journaux en parlent beaucoup. En même temps, les gens me disent qu'ils n'aiment pas le Parti conservateur, qu'Harper leur fait peur, qu'il n'est pas question qu'ils votent pour Stéphane Dion et que le NPD....ils ne sont pas sûrs non plus. »

Le Bloc par dépit?

Vote-t-on pour le Bloc dans Laval par dépit ? Pour ne pas annuler son vote ? Par simple jeu d'élimination ? Serge Ménard n'en croit rien. « Quand on discute un peu plus, les gens finissent par dire que le Bloc a bien su dénicher des scandales... »

Même si son prédécesseur conservateur a perdu par quelque 9000 voix aux dernières élections, Jean-Pierre Bélisle, candidat dans la circonscription de Laval, assure, lui, qu'il n'a pas du tout l'impression d'être un poteau ni de s'en aller tout droit vers l'abattoir.

« M. Harper a un bilan extraordinaire et moi, à 60 ans, je suis à l'apogée de ma vie et j'ai un très bon bagage derrière moi. J'ai été élu deux fois au provincial (sous Robert Bourassa) dans la circonscription de Mille-Îles, je me suis levé 588 fois à l'Assemblée nationale et en commission parlementaire... »

Seule libérale

Quant à Raymonde Folco, seule députée libérale dans Laval depuis de nombreuses années, elle ne ménage rien pour l'emporter. « Je fais du porte-à-porte depuis le printemps ! Ce n'est pas pour rien que je gagne depuis 1997 ! »

Elle assure que cette fois, plus personne ne lui parle du scandale des commandites, « alors qu'à la dernière campagne, tout le monde venait de suivre la commission Gomery comme si c'était un soap ! »

Cette fois, la difficulté est-elle d'avoir un chef impopulaire ? En quels termes parle-t-elle de Stéphane Dion ? « Je parle de moi, du rôle que j'ai tenu dans des dossiers d'immigration, de congés parentaux, etc. »

Parce que parler de Stéphane Dion...n'est pas trop « winner », ces temps-ci ? « Vous savez, à une certaine époque, avoir pour chef Jean Chrétien, qui avait de nombreux détracteurs, ce n'était pas nécessairement plus winner... »