Julie Couillard mettra son grain de sel dans la campagne électorale.

La publication de son autobiographie, qui était prévue le 14 octobre, jour des élections fédérales, a soudainement été devancée. La version anglaise de son livre, intitulé Julie Couillard : My Story, sera en vente à partir du 6 octobre, en pleine campagne électorale, a appris La Presse hier. La version française du livre, Ma vie, doit être mise en vente dans les jours suivants.Les Éditions de l'Homme, maison d'édition qui appartient à l'empire Quebecor depuis 2005, publiera la version française du livre de Mme Couillard. La version anglaise sera publiée par la maison McClelland & Stewart, de Toronto.

Dans son autobiographie, on s'attend à ce que Mme Couillard raconte certains détails au sujet de la relation amoureuse qu'elle a entretenue avec l'ancien ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier. La publication du livre en inquiète plusieurs au Parti conservateur, où l'on craint que la controverse entourant la relation ne soit ainsi relancée.

Il a été impossible hier d'obtenir les commentaires de Mme Couillard.

Jointe hier par La Presse, une porte-parole de la maison Les Éditions de l'Homme, Sylvie Archambault, s'est montrée peu loquace lorsqu'elle a été interrogée au sujet de la nouvelle date de publication du livre de Mme Couillard.

«Je ne peux pas vous parler», a affirmé Mme Archambault, laissant toutefois entendre que Mme Couillard n'avait pas joué un rôle dans le choix de la date de publication.

Mme Couillard s'est fait connaître d'un bout à l'autre du pays au printemps quand il a été révélé qu'elle avait eu dans le passé des relations amoureuses avec au moins quatre individus liés au monde interlope. Mme Couillard s'était aussi fait remarquer en accompagnant Maxime Bernier en août 2007 au moment où il a été nommé ministre responsable de la diplomatie canadienne.

La relation entre Mme Couillard et M. Bernier a duré environ huit mois. M. Bernier a été contraint de démissionner en mai après qu'il eut confirmé avoir oublié des documents secrets du Conseil des ministres au domicile de Mme Couillard.

Joint également hier, Maxime Bernier, qui brigue à nouveau les suffrages pour le Parti conservateur dans la circonscription de Beauce aux élections du 14 octobre, a refusé de commenter la parution du livre.

Dans la foulée de la démission de M. Bernier, Mme Couillard a continué de faire les manchettes après qu'une enquête de La Presse eut révélé en juin qu'elle avait fait pression sur l'ancien ministre en 2007, pendant qu'ils se fréquentaient, pour qu'il influence le gouvernement fédéral en faveur d'une proposition du groupe Kevlar. À l'époque Mme Couillard travaillait pour le groupe Kevlar.

L'entreprise tentait alors d'obtenir un contrat du ministère des Travaux publics qui planifie le déménagement de quelque 700 fonctionnaires fédéraux travaillant dans la région de Québec dans un seul immeuble d'ici trois ans.

Mme Couillard avait notamment fait valoir à Maxime Bernier qu'elle pourrait empocher une somme d'argent intéressante si la proposition de Kevlar était retenue. À ces pressions, M. Bernier avait opposé une fin de non-recevoir catégorique, selon d'anciens proches collaborateurs.

La Presse a aussi révélé en juin que Mme Couillard a eu auparavant une relation amoureuse avec Bernard Côté, qui était un proche collaborateur de Michael Fortier, ministre des Travaux publics, et qu'elle avait aussi exercé des pressions sur lui en faveur de Kevlar. M. Côté, qui s'occupait du dossier du déménagement des fonctionnaires au ministère des Travaux publics, a démissionné de ses fonctions en juin. Pour sa part, Michael Fortier a été muté au ministère du Commerce international en juillet à la suite d'un petit remaniement pour combler le départ de Maxime Bernier.

La GRC enquête

Le quotidien torontois The Globe and Mail a révélé le mois dernier que la GRC avait ouvert une enquête au sujet les pressions exercées par Julie Couillard sur deux membres importants du Parti conservateur en faveur de Kevlar afin de déterminer s'il ne s'agit pas une forme de trafic d'influence.

Récemment, le gouvernement fédéral a aussi décidé de lancer un nouvel appel d'offres pour trouver un immeuble pouvant abriter les employés fédéraux dans la région de Québec après avoir rejeté les quatre propositions sur la table. Deux de ces propositions avaient été soumises par Kevlar.

- Avec William Leclerc