Tôt ce matin, Elizabeth May était à l'entrée du pont qui sépare la petite ville de New Glasgow pour brandir des pancartes du Parti vert aux automobilistes. Ensuite, elle a gardé les enfants d'une électrice pour qu'elle puisse aller voter.

«Je suis le seul chef qui fait ça!» lance Mme May. 

Il n'y a pas à dire: chaque vote compte. Et Mme May a grand espoir d'être élue députée ce soir. «Ça va très bien, j'ai beaucoup d'appuis, a dit la chef du Parti vert à La Presse. L'atmosphère sur le terrain est très positive.»

Cela grouillait dans son local électoral, hier après-midi. Les bénévoles multipliaient les téléphones pour convaincre tous les potentiels électeurs du Parti vert de voter. À l'échelle du pays, Mme May affirme qu'il y a sept circonscriptions dans lesquelles ses candidats ont de fortes chances de gagner. «C'est important d'avoir des députés à la Chambre des communes. Mais comme chef de parti, c'est important d'avoir mon siège», souligne-t-elle.

Mme May ne regrette pas d'avoir décidé de se battre dans la circonscription de Nova-Centre, contre le ministre conservateur Peter MacKay. C'est là qu'elle habite, dans la petite ville de New Glasgow, située à deux heures de Halifax. «Il n'y pas de pas de circonscription facile (safe seat) pour le Parti vert, explique-t-elle. Pour moi, c'était important de me battre chez moi.»

Le ministre conservateur Peter MacKay est le député de Nova-Centre depuis plus de 10 ans. Son père a aussi représenté cette circonscription de la Nouvelle-Écosse pendant près de 20 ans, jusqu'en 1993.

En 2006, MacKay a obtenu 41% des votes, contre respectivement 33% et 25% pour son adversaire du NPD et du Parti libéral.

En mai dernier, Stéphane Dion a conclu une entente avec Elizabeth May de sorte qu'il n'y ait pas de candidat libéral dans Nova-Centre. En échange, la chef du Parti vert a appuyé la candidature de Dion comme premier ministre du pays.

Pour Peter MacKay, la lutte a été plus chaude que prévu. Mais aujourd'hui, les membres de son équipe étaient très confiants de sa victoire. «Elizabeth sera troisième», a lancé un partisan conservateur en sortant du local électoral de l'actuel ministre de la Défense.

«Mais nous nous battons dans cette élection de la même façon que dans les élections précédentes, a souligné Gary Morrison, impliqué dans le Parti conservateur depuis 35 ans. Nous ne prenons aucun votre pour acquis.»

Liz Macintosh n'a jamais douté: elle veut voir MacKay gagner. «Peter fait du bon travail, explique-t-elle. Il investit beaucoup d'argent dans la région. Avec le ralentissement économique et les gens qui migrent à l'ouest, c'est ce qu'il faut.»

La présence d'Elizabeth May dans Nova-Centre a été un facteur positif pour MacKay, selon Mme Macintosh. Cela l'a obligé à redoubler d'efforts pour convaincre ses électeurs.

De son côté, la candidate néo-démocrate Louise Lorefice déplore que les médias nationaux ont parlé d'un duel dans Nova-Centre, et non d'une course à trois. Elle rappelle que le NPD a obtenu le tiers des votes aux dernières élections.

Selon Mme Lorefice, Mme May a été trop agressive parfois lors de la campagne, notamment dans les débats organisés dans la circonscription. C'est aussi ce qu'a affirmé M. MacKay dans les médias locaux. «C'est absurde, se défend la principale intéressée. Je suis fière de mon niveau de respect. Mais quand quelqu'un dit quelque chose qui n'est pas vrai, je le corrige», dit-elle.