Stephen Harper a dû passer une partie de la journée d'hier à contrer les attaques de ses adversaires, qui l'ont accusé d'être «déconnecté» des problèmes économiques que subissent les Canadiens en cette période de crise financière internationale.

Le chef conservateur s'est attiré bien des ennuis lorsqu'il a déclaré la veille, à Toronto, que le moment était propice pour faire de bonnes affaires en Bourse étant donné la chute de la plupart des titres. Les chefs des autres partis politiques ont vivement réagi à ces propos et ils ont affirmé que le premier ministre était coupé de la réalité et qu'il faisait preuve d'une profonde insensibilité face à ceux qui voient partir en fumée une partie de leurs économies.

Alors que la campagne tire à sa fin et que les appuis aux conservateurs s'effritent au Québec et en Ontario, selon les sondages, M. Harper a dû d'abord adopter une position de repli. Il s'est par la suite employé à contrer la mauvaise impression laissée et à démontrer, lors d'un discours à Victoria hier matin, qu'il comprend le désarroi des gens et qu'il a véritablement mis au point un plan.

M. Harper nie avec insistance avoir fait preuve d'insensibilité et avoir eu un comportement de vautour boursier.

«Au contraire, a-t-il dit à Victoria, j'ai mentionné seulement que je connais très bien, en citant par exemple le cas de ma mère, les inquiétudes des gens envers ce qui se passe dans les marchés boursiers. Mais la vraie question est de savoir comment un gouvernement doit réagir dans une telle situation. Ce n'est pas au premier ministre de donner dans la panique ou dans le pessimisme à propos des marchés boursiers internationaux. Au contraire, c'est le rôle du gouvernement du Canada d'identifier, avant cette crise, un plan à long terme qui va bénéficier à la population, d'investir à long terme afin de stimuler la croissance et la création d'emplois.»

M. Harper a d'ailleurs ajouté que la preuve qu'il ne pouvait rester insensible aux effets néfastes sur les gens de la crise financière était que sa mère elle-même lui faisait part régulièrement de ses inquiétudes personnelles à cet égard. «Ma mère m'informe des soubresauts de la Bourse bien avant mon propre ministère des Finances», a-t-il lancé en riant.

Le chef conservateur a par la suite attiré l'attention de son auditoire sur les récentes décisions de la Banque du Canada. «D'abord, a-t-il dit, je souligne l'annonce faite par la Banque du Canada ce matin selon laquelle elle se joint à cinq autres banques centrales majeures pour réduire son taux de financement à un jour de 50 points de base ou un demi de un pour cent. Cette action offrira un soutien opportun et considérable à l'économie canadienne.»

M. Harper a insisté également sur la participation à Washington en fin de semaine prochaine de son ministre des Finances, Jim Flaherty, à un sommet des ministres des finances du G8 et du FMI.

«M. Flaherty soulignera les mesures nationales pour le marché prises par la Banque du Canada, et nous allons rappeler que les autres pays devraient adopter les règles sur les hypothèques du Canada qui empêchent les gens d'acheter des propriétés qu'ils ne peuvent se permettre d'acheter», a expliqué le chef conservateur.

Le premier ministre a aussi tenu à souligner que la Banque du Canada avait augmenté les liquidités du système financier canadien - notamment une augmentation de 20 milliards de dollars pour nos banques.

«Notre gouvernement a vu les problèmes naître aux États-Unis il y a plus d'un an et nous avons protégé les banques canadiennes contre la tempête», s'est encore défendu Stephen Harper.

«Nous avons mis un terme aux pratiques risquées comme les hypothèques sans acompte en capital, a-t-il dit. Nous avons adopté de nouvelles règles pour les banques sur la divulgation et la dissuasion des risques inappropriés. Et depuis le début de cette année, nous collaborons, ici au pays et avec nos partenaires internationaux, afin de mettre en place plus de 60 mesures et initiatives visant à renforcer et réformer les secteurs financier et bancaire au Canada et au palier mondial.»

Stephen Harper a participé à deux autres rassemblements hier en Colombie-Britannique, l'un à l'aéroport de Victoria et l'autre à Vancouver, où il exhorté les Canadiens à choisir son parti le 14 octobre, le seul qui puisse véritablement, a-t-il dit, améliorer le sort économique des Canadiens, «contrairement à l'opposition qui veut augmenter les taxes».