Miné par certaines erreurs stratégiques depuis le début de la campagne, le Parti conservateur (PCC) est incapable de s'imposer dans des circonscriptions au Québec qu'il croyait à portée de main avant le déclenchement des élections fédérales.

Les stratèges conservateurs avaient ciblé les circonscriptions de Saint-Hyacinthe-Bagot et de Drummond comme deux forteresses du Bloc québécois qui, à leurs yeux, étaient prenables. La percée des Tories n'aura pas lieu, selon des sondages réalisés par la firme CROP dans ces deux bastions bloquistes pour le compte de La Presse.

Dans Saint-Hyacinthe-Bagot, la députée bloquiste Ève-Mary Thaï Thi Lac détient une solide avance sur le candidat conservateur René Vincelette. La bloquiste récolte 55% des intentions de vote après répartition proportionnelle des indécis, tandis que le candidat conservateur n'obtient que 21%. La libérale Denise Tremblay est loin derrière avec seulement 8% selon ce coup de sonde réalisé auprès de 400 personnes du 2 au 5 octobre.

Aux élections partielles du 17 septembre 2007, le candidat conservateur Bernard Barré avait perdu par seulement 1500 voix aux mains de Mme Thaï Thi Lac.

Dans Drummond, le candidat bloquiste Roger Pomerleau est bien en selle. Il recueille 44% des intentions de vote, soit une avance confortable sur son principal adversaire, le conservateur André Komlosy (26%). Le Bloc québécois n'aura donc aucune difficulté à conserver cette circonscription, représentée aux Communes par la bloquiste Pauline Picard de 1993 à 2008. Le candidat libéral Jean Courchesne obtient à peine 12%.

«Le Parti conservateur n'arrive pas à percer dans ces comtés où il aurait pu faire des gains au début de la campagne. Nous sommes loin de ce qu'on a pu évaluer au tout début de la campagne quand on croyait que le Parti conservateur avait le vent dans les voiles pas seulement au Québec, mais dans d'autres régions. Mais il est évident que le vent est tombé!» a affirmé Claude Gauthier, vice-président de CROP.

«Au Québec, on dirait que le Parti conservateur est un bateau qui a frappé un iceberg. Le vent a tourné en faveur du Bloc québécois à partir du débat des chefs», a ajouté M. Gauthier.

De toute évidence, les attaques contre les conservateurs menées par le Bloc québécois dans des dossiers comme les coupes de 45 millions dans les programmes de promotion des arts et de la culture ainsi que les mesures plus sévères contre les jeunes contrevenants proposées par Stephen Harper semblent avoir eu un effet sur les intentions de vote.

Les troupes souverainistes de Gilles Duceppe réussissent aussi facilement à contrer le Parti conservateur dans l'est de la province. C'est notamment le cas dans la circonscription de Rimouski-Neigette-Témiscouata-Les Basques même si une ancienne députée bloquiste, Louise Thibault, brigue les suffrages comme indépendante.

Dans cette circonscription, le candidat bloquiste Claude Guimond rafle 46% des intentions de vote contre un maigre 18% pour le conservateur Gaston Noël et 13% pour le libéral Pierre Béland. Le candidat du NPD, Guy Caron, récolte quant à lui 10%, selon le coup de sonde de CROP.

Par ailleurs, il semble que le Parti libéral soit en bonne posture pour conserver les sièges qu'il détient dans la région de Montréal, toujours selon CROP.

Dans la circonscription d'Honoré-Mercier, le libéral Pablo Rodriguez ne semble pas du tout menacé, contrairement à ce qu'on aurait pu croire au début de la campagne.

Enfin, dans Laval-Les Îles, où les conservateurs ont tenu un rassemblement lundi soir, la députée libérale Raymonde Folco semble indélogeable, avec 43% des intentions de votes.

Ces sondages ont été réalisés par la firme CROP auprès de 400 personnes dans ces cinq circonscriptions du 2 au 5 octobre (401 dans Drummond). La marge d'erreur de chacun de ces coups de sonde est d'environ 5 points de pourcentage, 19 fois sur 20.