Le chef conservateur, Stephen Harper, a finalement dévoilé à Toronto ce mardi la totalité de la plateforme électorale de son parti, un éventail de politiques qu'il a évaluées à 8,6 milliards de dollars en quatre ans.

M. Harper a assuré que les projets politiques présentés dans le document étaient chiffrés de façon réaliste et qu'ils ne mettraient pas l'équilibre financier du pays en péril. Le Parti conservateur est le dernier des partis en lice à se livrer au dévoilement de son projet politique, et cela seulement à une semaine du scrutin.

M. Harper a d'ailleurs tenu, à la lumière de la crise financière internationale, à enrober sa présentation de quelques propos sur ce qu'il a appelé son «plan». Ce plan consistait à déposer des budgets équilibrés, à réduire le fardeau fiscal, à maintenir un taux d'inflation faible et à investir pour assurer la continuité dans la création d'emplois, en somme un plan qui réitère la gestion du gouvernement sortant.

D'ailleurs, depuis deux jours, M. Harper, qui minimisait l'importance de la crise financière aux États-Unis, tente de réorienter son discours de façon à convaincre que son gouvernement avait vu venir la tempête et qu'il a agi en conséquence.

«Certains pensent que si un plan n'est pas entièrement nouveau, ce n'est pas un plan, a dit Stephen Harper devant le Canadian Club et l'Empire Club à Toronto. Mais un leadership prudent ne crée pas une stratégie économique pour les nouvelles télévisées du soir et ne réécrit pas ses plans pour faire la Une des journaux le lendemain.»

Presque la totalité des politiques de la plateforme, qu'il s'agisse d'économie, de culture, de commerce, de mesures destinées à améliorer la qualité de la vie, du soutien à la santé et à l'environnement et des mesures consacrées à réformer les systèmes politique et de justice, ont déjà été annoncée par le chef conservateur avant ou pendant la présente campagne électorale.

Peu de surprises en somme émaillent le document, sinon peut-être quelque détails tel par exemple l'abandon par les conservateurs de la disposition du décrié projet de loi C-10 qui proposait un contrôle moral sur l'admissibilité au crédit d'impôt pour les films et les vidéos.

Pour les consommateurs, la plateforme rappelle, entre autres choses, la promesse de réduire de 2 cents en quatre ans le coût du diesel, celle d'offrir aux acheteurs d'une première propriété un crédit d'impôt de 5000 $ sur les frais de clôture admissibles, l'indexation de la Prestation universelle pour la garde d'enfants ou encore permettre aux travailleurs autonomes l'accès aux prestations de l'assurance-emploi pour les congés parentaux.

Stephen Harper a également annoncé, lors de son discours devant l'Empire Club et le Canadian Club à Toronto, quelques nouveautés qui ne sont pas précisées dans la plateforme. Pour le secteur manufacturier, le chef conservateur a notamment fait part de l'augmentation du soutien gouvernemental, notamment par une réduction des droits de 345 millions de dollars sur la machinerie et l'équipement importés, et en allouant 200 millions de dollars à l'Initiative stratégique pour l'aérospatiale et la défense (déjà pourvu de 900 millions $), de même qu'au Fonds d'innovation pour le secteur de l'automobile (déjà pourvu de 250 millions $), au cours des quatre prochaines années.

La plateforme touche par ailleurs au développement régional, avec la création déjà annoncée ces derniers jours d'une nouvelle agence de développement régional pour le Nord, avec la fin des compressions attribuées aux libéraux par M. Harper, aux agences de promotion économique régionale, etc.

Le plan environnemental des conservateurs y est aussi repris ainsi que la politique de défense de la souverainement de l'Arctique, pour ne nommer que ceux-là.

La plateforme revient également sur la volonté de réformer le Sénat et la Chambre des communes, des projets qui horripilent au plus haut point le gouvernement Charest qui y voit là une perte d'influence inacceptable du Québec au sein de la fédération. Un haut responsable conservateur a même affirmé aux journalistes hier que si ces réformes devaient échouer, l'abolition pure et simple du Sénat serait envisagée...

D'autres politiques conservatrices sont réaffirmées dans le document, notamment la volonté d'encadrer le pouvoir fédéral de dépenser, la modification du Code criminel pour que la grossesse d'une femme devienne une circonstance aggravante si la femme est agressée ou tuée ou encore l'élimination du registre des armes à feu.

«Un gouvernement conservateur ne va pas augmenter le fardeau fiscal, a soutenu Stephen Harper. Nous n'allons pas imposer une taxe sur le carbone. Nous n'allons pas réduire les réductions fiscales des entreprises. Nous allons dépenser selon nos moyens. C'est simple. L'alternative n'est pas un plan. C'est la conséquence d'une panique totale, et ce gouvernement ne va pas paniquer en une période d'incertitude.»