L'ancien homme de confiance de Gilles Duceppe, Pierre Brien, va appuyer aujourd'hui les candidats conservateurs dans sa région de l'Abitibi-Témiscamingue.

Sa sortie précédera de peu d'autres appuis aux troupes de Stephen Harper de la part des adéquistes; Sylvain Légaré, député adéquiste de Vanier, va bientôt donner explicitement son appui à Myriam Taschereau, candidate conservatrice dans la circonscription de Québec.

Avant le scrutin du 14 octobre, le chef de l'ADQ, Mario Dumont, apparaîtra aussi sur une tribune conservatrice, reste à déterminer le lieu et le moment. Son appui sera plus clair que sa prise de position de janvier 2006, une lettre publique où Mario Dumont jugeait désormais inutile le Bloc québécois à Ottawa.

Depuis le début de la campagne, trois adéquistes de longue date dirigent le «war room» du Québec pour les conservateurs à Ottawa. Michel Lalonde et Jean Luc Benoît, des adéquistes de la première heure, tirent les ficelles de la campagne bleue au Québec avec Frédéric Baril, qui s'était joint à la campagne Dumont en 2003.

«Les adéquistes sont venus au party des conservateurs. Certains sont déjà sur la piste de danse, d'autres attendent seulement qu'on fasse jouer leur chanson», illustre-t-on chez les adéquistes à Québec.

Passé à l'ADQ aux élections de 2003, M.Brien avait démissionné de son poste de whip au Bloc pour faire le saut au provincial. Battu en Abitibi, Brien avait été l'organisateur de Gilles Duceppe lors de sa course au leadership contre Yves Duhaime.

C'est la première prise de position de M. Brien sur un scrutin fédéral depuis son départ du Bloc. Lors de l'annonce de sa démission, dans une lettre publiée par La Presse, il avait soutenu que le Bloc avait toujours sa raison d'être pour défendre les intérêts du Québec s'il demeurait une coalition capable d'éviter de véhiculer les seuls intérêts des syndicats et des groupes de gauche.

En revanche, pour lui le PC a fait preuve d'une grande ouverture à l'égard du Québec, M. Harper a récemment encore tendu la main aux nationalistes québécois, un geste conséquent avec la reconnaissance du statut de nation pour le Québec et le règlement du déséquilibre fiscal. Dans son appui aux conservateurs Pierre Grandmaître (Abitibi-Témiscamingue), l'ancien maire de Rouyn, et Jean-Maurice Matte (Abitibi-Baie-James) maire de Senneterre, M. Brien soulignera que les conservateurs sont plus proches des préoccupations des gens en région.

Pierre Brien n'est pas tendre avec son ancien parti fédéral, qui travaille objectivement à doter le Canada d'un gouvernement libéral, dirigé par Stéphane Dion. Il est pour le moins singulier de voir Gilles Duceppe sur les mêmes tribunes que Denis Coderre dans le dossier de la culture, selon lui. Comme l'a fait récemment l'ancien ministre péquiste Jacques Brassard, Pierre Brien dénoncera la proximité du Bloc avec la gauche et les syndicats. Quant à la souveraineté, Mme Marois a déjà indiqué qu'il s'écoulera trois mandats avant un nouveau référendum, et François Legault a admis récemment que l'option fondamentale du PQ ne trouvait plus preneur dans la population.

La semaine dernière, c'est le patron de Brien, Sébastien Proulx, le leader parlementaire adéquiste, qui appuyait les conservateurs de la région de Trois-Rivières. Au début de la campagne, les adéquistes des Laurentides s'étaient ralliés derrière Claude Carignan, maire de Saint-Eustache, qui avait fait le saut avec les conservateurs.

M. Brien s'ajoute à cinq anciens députés bloquistes et compagnons d'armes de Gilles Duceppe qui ont dit publiquement que le Bloc n'avait plus sa raison d'être à Ottawa.

Odina Desrochers, Louise Thibault, Nic Leblanc, Ghislain Lebel et Richard Bélisle ont déjà soutenu au début de la campagne que le Bloc avait perdu son utilité aux Communes.