Encore une fois, hier, des bourdes conservatrices ont porté ombrage au message de Stephen Harper. Le décompte des excuses du parti atteint maintenant quatre en douze jours de campagne.

Dans un point de presse destiné à annoncer une aide financière aux aînés, le chef conservateur a dû se porter à la défense de son ministre de l'Agriculture, Gerry Ritz. Ce dernier avait dû s'excuser, la veille, pour des blagues qu'il a faites durant la crise de la listériose, lors d'une téléconférence entre personnes chargées de gérer la situation. Il avait notamment déclaré qu'elle pourrait devenir une «mort par tranches» pour le gouvernement Harper; «je devrais plutôt dire une mort par tranche de viandes froides», avait-il ajouté.

 

Le chef conservateur a qualifié hier la blague de déplacée, de malheureuse et de gênante. Il a cependant attribué la faute au stress que subissait à l'époque le ministre.

Il a aussi louangé M. Ritz pour son travail acharné pendant toute la durée de la crise. «Si ça avait été là le ton général des commentaires de M. Ritz à l'époque, j'aurais été inquiet. De toute évidence, ce ne l'était pas», a-t-il dit.

Bien que plusieurs employés du bureau du premier ministre aient été présents au moment de la téléconférence, Stephen Harper a affirmé qu'il n'avait pas été mis au courant de l'affaire avant mercredi.

Il a enfin refusé de tracer un parallèle entre cette situation, où aucune sanction n'a été annoncée, et celle de la suspension du directeur des communications du parti, Ryan Sparrow.

Malgré tout, les autres partis ont continué à réclamer la tête du ministre. Le chef libéral, Stéphane Dion, a rappelé qu'il l'avait déjà demandée quelques jours avant le déclenchement des élections, citant l'incompétence de M. Ritz à gérer l'épidémie.

«Maintenant, a-t-il dit, il doit en plus être mis à la porte pour son complet manque de sensibilité.»

Propos «racistes»

Mais M. Harper n'était pas au bout de ses peines. En effet, le Parti conservateur a, pour la quatrième fois de la campagne, été contraint d'offrir ses excuses. Cette fois-ci, c'est une déclaration faite par une collaboratrice du ministre des Transports et lieutenant québécois de Stephen Harper, Lawrence Cannon, qui a mis le feu aux poudres.

À Maniwaki, où se tenait une manifestation de la communauté autochtone du Lac Barrière, une employée du bureau de circonscription du ministre, Darlene Lannigan, a indiqué à l'un des manifestants qu'il pourrait rencontrer son patron s'il promettait de rester sobre.

«Me traitez-vous d'alcoolique?» lui a répondu, insulté, Norman Matchewan, 25 ans qui est enseignant et agent de police à temps partiel. L'incident a fait boule de neige et s'est retrouvé dans un bulletin d'information d'APTN, chaîne télévisée des Premières Nations, mercredi soir.

La directrice des communications de Lawrence Cannon a fourni quelques mots d'excuses: «Les commentaires faits par une représentante du bureau de circonscription de M. Cannon ne reflètent pas les vues du gouvernement du Canada. Nous souhaitons profiter de l'occasion pour nous excuser pour toute insulte faite.»

Mais M. Matchewan a déploré les propos de M. Cannon, les qualifiant de «condescendants et racistes» et d'«un autre exemple du manque de respect du gouvernement conservateur pour notre communauté».

«Ça démontre encore une fois une idéologie qui ne correspond pas aux valeurs québécoises», a quant à lui lancé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.

Avec Gilles Toupin et Malorie Beauchemin