Les conservateurs de Stephen Harper ont connu une dure journée de campagne hier. Des publicités douteuses et des attaques non fondées sur les politiques du Parti libéral ont mis le premier ministre dans l'embarras.

Stephen Harper a d'ailleurs été contraint de s'excuser hier après que les conservateurs eurent mis sur un de leurs sites Internet une vidéo montrant un volatile qui défèque allègrement à trois reprises sur l'épaule du chef libéral Stéphane Dion.«Le parti a retiré cette caricature. Je suis d'accord que c'est tout à fait inacceptable. C'est de mauvais goût et c'est tout à fait inapproprié. Évidemment, j'offre mes excuses», a affirmé M. Harper durant une conférence de presse à Winnipeg.

M. Harper avait pourtant indiqué qu'il ne souhaitait pas s'engager dans une telle campagne d'insultes et de vulgarités dans les minutes qui avaient suivi le déclenchement des élections.

«Nous avons suffisamment de différences avec les libéraux pour s'engager dans ce genre d'attaques. Nous allons nous assurer de rester sur le plan de la substance. Parce que nous croyons que nous allons gagner sur ce plan», a-t-il dit.

Les conservateurs ont tenté de corriger rapidement leur bourde hier en retirant la publicité, postée sur le site notaleader.ca, mais ce fut trop tard. Le mal était fait. La chaîne de télévision CTV et le Parti libéral avaient eu le temps de copier la vidéo.

Informé par les journalistes de la teneur du message conservateur, le chef libéral Stéphane Dion a vivement réagi. Alors qu'il se trouvait dans la circonscription montréalaise de sa députée Marlene Jennings, il a déploré ce genre d'attaque.

«Cette publicité en dit plus long sur les conservateurs et sur M. Harper que sur nous», a lancé M. Dion pour aussitôt se reprendre et «clarifier» sa réaction: «Cette publicité en dit long sur Stephen Harper mais pas sur tous les conservateurs. La plupart des conservateurs seront en désaccord avec ces procédés. Et ils changeront leur vote.»

Le volatile en question dans la publicité est un macareux moine. C'est le chef libéral adjoint, Michael Ignatieff, qui s'est servi de l'image de ce charmant oiseau de la côte atlantique lors d'un rassemblement du Parti libéral l'an dernier à Saint-Jean, Terre-Neuve. L'oiseau cache ses excréments et M. Ignatieff y avait fait allusion pour encourager ses collègues à ne pas laver leur linge sale en public.

En fin de journée, hier, alors qu'il se trouvait à Napanee en Ontario chez son candidat David Remington (Lanark-Frontenac Lennox&Addington), Stéphane Dion a pris acte des excuses de M. Harper.

«Je note que M. Harper a fait des excuses et j'accepte ces excuses parce que les conservateurs sont allés plus loin qu'à l'habitude dans leur publicité, a-t-il dit. Mais j'espère qu'ils tireront une leçon de leur erreur et qu'ils comprendront que la façon des Canadiens de débattre emprunte la route du haut et non celle du bas.»

Pas de bouc émissaire

Les chefs des deux autres partis ont mis leur grain de sel en dénonçant les tactiques des conservateurs.

«Je pense que c'était de très mauvais goût. C'est M. Harper qui dit qu'il faut faire des campagnes responsables. C'est assez irresponsable d'agir comme ça», affirmé Gilles Duceppe, en après-midi, à Victoriaville.

De passage à Regina, le chef du NPD, Jack Layton a dit espérer que le ton de la campagne changera. «Nous devons avoir un plus de respect que cela», a-t-il dit.

Les conservateurs n'ont pas voulu désigner de coupable. «Nous travaillons en équipe et nous n'allons pas faire de bouc émissaire», a affirmé un proche collaborateur de Stephen Harper.

Contrairement à la dernière campagne électorale, Stephen Harper a cette fois-ci été prompt à s'excuser. En 2006, M. Harper avait laissé entendre que les juges et les fonctionnaires étaient tous des libéraux. Cela lui avait coûté plusieurs points dans les sondages. M. Harper avait alors mis quelques jours avant de corriger le tir.

Par ailleurs une information diffusée par les conservateurs s'est retournée contre eux. Un communiqué des conservateurs affirmait hier matin que Stéphane Dion annulerait la prestation pour la garde d'enfant instaurée par M. Harper et qui s'élève à 1200$ par année par enfant.

En route vers l'Ontario, M. Dion a saisi la balle au bond en promettant, s'il était porté au pouvoir, qu'il doublera pour les familles à bas revenu la prestation fiscale actuelle pour enfant de 1200$ et qu'il ajoutera, pour toutes les familles canadiennes, 350$ à l'actuel crédit d'impôt universel pour les enfants.

«Nous donnerons une aide additionnelle de 1200$ par année aux 500 000 familles les plus pauvres du pays. Il n'y a que le plan libéral qui donne cela aux familles», a déclaré le chef libéral lors de son passage dans la circonscription de Notre-Dame-de-Grâce-Lachine.

Avec Malorie Beauchemin et La Presse Canadienne.