Le dévoilement des coûts de l'opération militaire en Afghanistan, demain, sera un enjeu important dans la campagne et pourrait amener davantage de Canadiens à rejeter le Parti conservateur de Stephen Harper, a estimé hier le chef du NPD, Jack Layton.

«De plus en plus de Canadiens se rendent à la même conclusion que nous, que l'approche actuelle ne nous mènera pas vers une issue positive du conflit et qu'il faudrait davantage se diriger vers une stratégie de cessez-le-feu et de négociations», a dit M. Layton, de passage dans le nord de l'île de Vancouver.

 

«Si les chiffres indiquent que c'est beaucoup plus cher que ce que les conservateurs ont dit, ça va donner aux gens une autre raison pour mettre M. Harper à la porte et remplacer son gouvernement.»

Le directeur parlementaire du budget, Kevin Page, présentera demain à Ottawa le rapport tant attendu sur les coûts du conflit en Afghanistan. Mais ce dossier n'est pas le seul dont Jack Layton s'est servi hier pour attaquer Stephen Harper.

Le chef du NPD est en effet allé jusqu'à brandir le spectre de la Grande Dépression, en matinée. Il a comparé le déni de son adversaire conservateur sur la situation économique à celui de Richard Bedford Bennett, premier ministre canadien de 1930 à 1935. Au moment où le pays sombrait dans la pire crise économique de son histoire moderne, M. Bennett affirmait que tout allait bien.

«On a eu des leaders conservateurs dans le passé qui ont dit que tout allait bien, quand c'était évident que ce n'était pas vrai», a rappelé M. Layton, qui s'est toutefois gardé de prédire une dépression, voire une récession, au Canada.

La situation économique est par contre très inquiétante, selon lui. «Des années de déréglementation, d'irresponsabilité et de témérité sous des gouvernements conservateurs des deux côtés de la frontière ont laissé l'économie dans une telle situation que leurs actions reviennent les hanter», a dit le chef néo-démocrate.

En après-midi, M. Layton a participé à une assemblée publique dans la communauté autochtone de Komox, dans l'île de Vancouver. Il a répondu aux questions du public, notamment sur la crise du bois d'oeuvre, la santé et le logement abordable.

Lorsqu'il a appris, en fin de journée, que plus d'un million de Canadiens s'étaient prévalus de leur droit de voter par anticipation, le chef du NPD a estimé que le premier ministre Harper avait été particulièrement «cynique» de dévoiler sa plateforme à ce moment-ci.

Puis il s'est insurgé contre le commentaire qu'a fait le chef conservateur en point de presse, après le dévoilement de son plan, sur le fait que la chute des marchés pouvait créer de belles occasions d'achat pour certains.

«Je trouve incroyable qu'il ait dit ça alors que les gens se demandent s'ils pourront prendre leur retraite, s'ils pourront payer leur hypothèque, s'ils pourront joindre les deux bouts, a dit M. Layton. C'est signe que soit le premier ministre ne comprend rien, soit il s'en fiche.»