Le dévoilement du programme de Justin Trudeau a donné lieu à des tensions politiques et linguistiques, hier, devant les locaux libéraux de la circonscription de Papineau. Une cinquantaine de souverainistes ont perturbé l'événement sous l'oeil d'une trentaine de policiers.

Les Jeunes Patriotes du Québec, un groupe de militants indépendantistes, ont donné rendez-vous à leurs sympathisants à 19h devant les locaux de la rue Saint-Denis. Munis de drapeaux du Québec, de tambours et de casseroles, les manifestants ont crié des slogans contre le fils de l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau.

 

«On veut perturber son lancement, a dit François Gendron, membre des Jeunes Patriotes du Québec. Justin Trudeau a la même idéologie que son père. Il est tout de même issu de l'un de ses spermatozoïdes.»

La manifestation a dégénéré quand des supporteurs de Justin Trudeau ont protesté contre la présence du groupe. Une femme drapée de l'unifolié canadien et des jeunes manifestants se sont bousculés, si bien que les policiers ont été dépêchés sur les lieux. Ils ont fermé la rue et établi un périmètre de sécurité devant le local électoral.

«Ils viennent chez nous pour nous provoquer, s'est plaint la partisane libérale, les larmes aux yeux. J'ai honte des Canadiens français.»

Des jeunes supporteurs anglophones de Justin Trudeau ont alors hurlé un «Ô Canada» bien senti. L'équipe de Justin Trudeau tentait tant bien que mal de contenir l'ardeur de ses partisans. «Rentre à l'intérieur, rentre à l'intérieur», a supplié un membre de l'équipe libérale à un homme qui provoquait les manifestants.

«Rentre chez vous, Coderre!» a crié un jeune souverainiste, au passage du candidat libéral Denis Coderre.

Pendant ce temps, Justin Trudeau est demeuré dans une pièce à l'arrière du local. Il est resté sourd aux appels des manifestants qui le priaient de sortir.

«Ils ont le droit de s'exprimer, a-t-il dit le sourire aux lèvres, au terme de son discours devant environ 200 personnes. C'est bien de voir des jeunes s'impliquer en politique.»

«C'est sûr que la présence des manifestants a attiré plus d'attention sur le dévoilement de mon programme, et on les remercie pour cela», a-t-il conclu, admettant que son patronyme pouvait avoir un lien avec la présence de manifestants. «Ces gens-là nous font une très bonne publicité, a dit Dominic Talarico, un sympathisant de Justin Trudeau. On est dans un pays démocratique, and that's beautiful.»

Les manifestants se sont dispersés vers 21h15, hier. Aucun d'entre eux n'a été arrêté.

Rappelons que certains souverainistes n'ont jamais pardonné à Pierre Elliott Trudeau d'avoir utilisé la Loi des mesures de guerre durant la crise d'Octobre de 1970. C'est également sous son règne que toutes les provinces, sauf le Québec, ont signé le rapatriement de la Constitution canadienne en 1982.