Moins de 24 heures après avoir traité Stephen Harper de «tricheur», de «menteur» et de «rétrograde», Gilles Duceppe a ouvert la porte à des «alliances ponctuelles» avec le chef conservateur, hier, pendant que celui-ci se moquait de la sortie du chef bloquiste.

Loin de renier ses propos de la veille, prononcés devant 2000 militants à Saint-Hyacinthe, le leader du Bloc québécois s'est défendu de sombrer dans des attaques personnelles en affirmant qu'il faut «appeler un chat un chat». Il avait notamment affirmé que M. Harper «manque cruellement de jugement et de sens moral».

 

«Je ne veux pas le démoniser, a affirmé le chef du Bloc lors d'un point de presse en matinée. Tout ce que j'ai avancé repose sur des faits.»

Le chef du Bloc a refusé d'engager son parti dans un éventuel gouvernement de coalition pour isoler Stephen Harper. Mais il s'est dit favorable à des «alliances ponctuelles» avec d'autres formations, y compris les conservateurs, pour faire adopter des projets de loi favorables au Québec.

Interrogé pour savoir s'il souhaite s'associer, même ponctuellement, avec un «menteur», un «tricheur», un «rétrograde», M. Duceppe a affirmé: «S'il change d'idée, s'il nous arrive avec une idée qui est bonne, on l'appuiera.»

«Attaques personnelles»

Le chef conservateur n'a pas tardé à répliquer à la charge lancée contre lui par son vis-à-vis du Bloc. Dès son premier événement de la journée à Nepean, dans la banlieue d'Ottawa, M. Harper a dit qu'il n'avait pas l'intention de répondre à ces «attaques personnelles».

«Je pense que les Québécois font la part des choses, a-t-il ajouté. Le problème avec M. Duceppe, c'est qu'il m'a aidé à défaire le gouvernement libéral à la Chambre des communes il y a trois ans. Et au cours des deux premières années de ce gouvernement à Ottawa, le Bloc nous a appuyés régulièrement.»

«C'est un peu trop tard pour M. Duceppe de dire que nous sommes le diable, a-t-il ajouté. Je pense que ce n'est pas crédible. Et ce genre d'attaques, je pense, ne représente pas le véritable caractère de la nation québécoise.»

Quoi qu'il advienne, le chef du Bloc a bon espoir de son côté qu'une fois les rigueurs de la campagne électorale terminées, les partis pourront travailler sereinement à la Chambre des communes.

«(Stephen Harper) a eu des attitudes très dures avec moi, a dit Gilles Duceppe. C'est un combat, une campagne électorale.»