Les opposants au projet Northern Gateway, qui a reçu jeudi soir le feu vert de la commission fédérale d'examen, préviennent que la guerre qu'ils ont menée jusqu'ici contre la réalisation de l'oléoduc dans l'ouest du pays viserait désormais le gouvernement fédéral, à qui revient la décision finale dans ce dossier.

Le promoteur du projet, Enbridge, a peut-être obtenu l'approbation de cette commission environnementale, mais pas celle de la population, ont déclaré vendredi les représentants d'une coalition de groupes écologistes.

Le porte-parole de l'organisation Friends of Wild Salmon, Gerald Amos, a déclaré que le gouvernement fédéral avait effectué des changements aux réglementations pendant le processus d'examen qui ont permis à l'entreprise d'avoir le dernier mot.

«Je suis désormais convaincu, au plus profond de mon coeur, et je pense que beaucoup de gens ont la même impression, que notre gouvernement et sa procédure n'appartiennent plus au peuple. Ils appartiennent aux grandes compagnies du pétrole qui ont acheté et payé pour pour ces modifications récemment apportées», a lancé M. Amos, qui est aussi un ancien chef de la communauté autochtone Haisla, située près de Kitimat, dans le nord de la province. C'est à cet endroit que serait construit le terminal du Northern Gateway d'Enbridge, établie à Calgary.

Les élections fédérales auront lieu en 2015, a rappelé M. Amos, et les détracteurs du projet se réuniront au cours des prochains mois pour presser la population de «reprendre en main» son gouvernement.

M. Amos était entouré de représentants de Forest Ethics Advocacy, Fort St. James Sustainability Coalition, Living Oceans Society et United Fishermen and Allied Workers Union lors d'un point de presse à Vancouver, en Colombie-Britannique, au lendemain de la publication du rapport tant attendu de la commission d'examen conjoint sur le controversé projet d'oléoduc.

La commission prévient que cette approbation s'accompagnera de 209 conditions, de la protection de l'habitat du caribou à la recherche sur le comportement du pétrole brut dans un environnement marin, en passant par le plan d'urgence de l'entreprise en cas de déversement.

Le gouvernement fédéral dispose de 180 jours pour trancher dans le dossier.

Le président de Northern Gateway Pipelines, John Carruthers, a soutenu que la décision de la commission d'examen représentait une étape de plus pour l'entreprise, ajoutant qu'elle poursuivrait ses efforts pour tenter de calmer les inquiétudes des opposants.

«Je crois que le rapport constitue un bon point de départ (...) et nous continuerons à écouter et à répondre et à nous montrer ouverts pour adopter les changements nécessaires», a-t-il affirmé.

Selon le porte-parole du groupe Forest Ethics Advocacy, Ben West, les opposants disposent encore de trois scénarios pour empêcher la concrétisation du projet, soit l'action en justice, l'action politique ou l'action directe.

Il a dit s'attendre à ce que les Premières Nations intentent une poursuite, ajoutant que lui-même prévoyait du mouvement dans la sphère politique.

«Tout politicien qui soutient l'oléoduc d'Enbridge ou des projets semblables en paiera le prix politique», a-t-il prévenu.

«(Le premier ministre Stephen) Harper a agi beaucoup plus comme un porte-parole qu'un législateur et je pense que les gens ne seront pas tendres envers lui pour avoir muselé les scientifiques et fragilisé le processus démocratique.»

M. West a dit espérer que les opposants n'en soient pas réduits à entreprendre d'actions directes mais que s'il le faut, les manifestations d'il y a 20 ans pour empêcher l'exploitation des forêts anciennes de la Colombie-Britannique «auront l'air d'une simple promenade dans le bois» en comparaison avec les affrontements à prévoir dans ce cas-ci.