La centrale Gentilly-2 sera sur la sellette cette semaine. La Commission canadienne de sûreté nucléaire tient mercredi et jeudi, à Bécancour, deux journées d'audiences publiques sur le renouvellement du permis de la centrale jusqu'en 2016.

La Commission a déjà tenu en décembre une première journée d'audiences, pendant laquelle les commissaires ont fait état de 32 lacunes, dont 4 majeures.

Le Candu dénoncé

Pour Michel Duguay, professeur de physique nucléaire à l'Université Laval et l'une des figures de proue de la contestation antinucléaire au Québec, la réponse est simple: la technologie Candu n'est pas sécuritaire. «Le Candu est un enchevêtrement de tuyaux qui se tordent et enflent sous l'effet des radiations, explique M. Duguay. C'est une technologie broche à foin.»

Le principal argument des opposants aux réacteurs Candu est leur «coefficient de réactivité positif». S'il y a une fuite d'eau lourde dans les tuyaux qui enserrent les barres de combustible, le combustible s'emballe.

Les ingénieurs nucléaires canadiens travaillant sur le Candu assurent que ce problème permet de détecter plus rapidement toute anomalie et qu'il est en partie contré par la lenteur des neutrons produits par le combustible. Cette lenteur donnerait un délai supplémentaire aux deux mesures indépendantes d'arrêt d'urgence.

«Oui, c'est vrai, les neutrons sont plus lents, mais on peut aussi considérer que ça rend le contrôle du réacteur moins vif, dit M. Duguay. Et dire que ça permet de détecter les problèmes plus rapidement, c'est ridicule. Les États-Unis et le Royaume-Uni interdisent les réacteurs à coefficient de réactivité positif.»

L'autre grande faiblesse des réacteurs Candu serait la déformation des tubes qui entourent les barres de combustible. À l'origine, dans les années 40, il existait très peu de fabricants de réservoirs capables de soutenir les pressions importantes de l'eau lourde utilisée pour modérer les barres de combustible. La solution a donc été de mettre chaque barre de combustible dans un tuyau sous pression, et de mettre tous les tuyaux dans une calandre. Mais au fil des ans, les ingénieurs canadiens se sont rendu compte que le métal des tuyaux se déformait à cause des radiations, et qu'ils pouvaient arriver à se toucher.

«En 20 ans, les tuyaux allongent de près de 2%, explique M. Duguay. Il faut un système mécanique pour les ajuster au fur et à mesure. Et comme ils se déforment, ils peuvent se toucher, ce qui a causé un problème en Ontario en 1983. Ils ont mis des anneaux autour des tubes pour éviter cela, mais à cause des vibrations, il faut remplacer de temps à autre les anneaux.»

Aucun porte-parole de la Commission de sûreté nucléaire n'était disponible pour une entrevue la semaine dernière. Mais en réponse à une question envoyée par courriel, le porte-parole, Aurèle Gervais, a indiqué que «le vieillissement des tubes, y compris le processus de déformation, est un phénomène bien compris par la Commission et les exploitants des centrales».