Le président américain Barack Obama a poursuivi son offensive de charme dimanche à l'égard des Européens en promettant de «prendre la tête» des efforts contre le réchauffement du climat, mais l'UE, si elle apprécie le changement de ton, attend des engagements concrets.

«Le moment est maintenant venu de changer la façon dont nous utilisons l'énergie», a déclaré M. Obama à Prague à l'occasion de son premier sommet avec l'Union européenne, dont la République tchèque assure actuellement la présidence tournante.

«Je vous promets que les États-Unis sont maintenant prêts à prendre la tête de cet effort mondial», a ajouté le président américain.

M. Obama a cherché par ce biais à rassurer les Européens, longtemps découragés par l'attitude de son prédécesseur George W. Bush, qui conditionnait toute avancée sur la réduction des gaz à effet de serre à des engagements parallèles des grands pays émergents comme l'Inde ou la Chine et refusait de ratifier le protocole de Kyoto.

M. Obama a d'ailleurs reconnu lors du sommet que «ces dernières années, les États-Unis n'ont pas été aux avant-postes», tout en en promettant «des mesures significatives pour des technologies propres en 2050, sans casser la croissance», selon un membre de la délégation française.

«Nous saluons les initiatives prises par le président Obama et la convergence croissante des positions européennes et américaines», a déclaré le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à l'issue du sommet.

Le Premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, dont le pays succèdera en juillet à la République tchèque à la tête de l'Union européenne, s'est aussi félicité des «nouveaux signaux» de l'administration Obama sur le climat. Toutefois, il a clairement signifié que seuls les actes compteraient.

Plus critique, le président français Nicolas Sarkozy a estimé que les États-Unis devaient faire «davantage, pour entraîner le monde, notamment la Chine et l'Inde, à leur suite».

«On est heureux que les Américains veuillent prendre le leadership de la lutte contre le réchauffement climatique. Mais il faut les convaincre d'en faire autant que les Européens», a-t-il dit à l'AFP.

Les Européens restent encore sur leur faim un peu plus de deux mois après l'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche et alors que se profile la conférence sur le climat de Copenhague fin 2009 sur l'après-Kyoto.

L'UE veut un engagement comparable à celui qu'elle a pris l'an dernier de réduire en 2020 ses propres émissions de CO2 de 20% par rapport à 1990, et même de 30% en cas d'accord international.

A ce jour, M. Obama s'est dit seulement prêt à stabiliser les rejets américains sur la même période.

La Chambre des représentants américaine vient de présenter un projet de loi prévoyant une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% également d'ici 2020, mais par rapport à 2005 seulement.

«Cela équivaut à 5-6% par rapport à 1990. Ce n'est pas tout à fait ce qui a été prévu», a regretté récemment le commissaire européen à l'Environnement.

Le contexte n'est toutefois pas propice à de grands sacrifices. M. Obama est confronté à la plus grave crise économique aux États-Unis depuis la Deuxième guerre mondiale et entend ne pas mettre en danger la compétitivité de son industrie, automobile en particulier.