Michel Rivard, Benoît Brière et Stéphane Rousseau ont prêté leur talent à une mystérieuse équipe de tournage, au début du mois, pour réaliser une vidéo de trois minutes qui s'est répandue comme l'éclair hier sur le web.

Le titre: La culture en péril.

Le sujet: un nouveau programme d'aide à la culture remplace les coupes de 45 millions annoncées en août par le gouvernement fédéral.

Le décor: une sombre salle d'audience décorée par des portraits de Stephen Harper et de la ministre du Patrimoine, Josée Verner.

 

Michel Rivard y joue le rôle d'organisateur d'un «petit festival de chanson jumelé à un autre petit festival de chanson en France» et qui a besoin d'argent.

Devant lui, un jury unilingue anglophone, dont deux membres sont interprétés par Benoît Brière et Stéphane Rousseau.

M. Rivard apprend d'abord qu'il devra promouvoir la «Canadian culture» pour ensuite se faire demander s'il croit en Dieu.

Une série de quiproquos linguistiques commence. D'abord, le chansonnier entonne un de ses plus grands succès, mais le «phoque en Alaska» tombe très mal dans l'oreille du jury.

Le chansonnier assure qu'il n'a jamais dit le mot «fuck» et décide de changer «phoque» pour «otarie». «Des fois, on change kek tites affaires...» dit-il.

Nouvelles protestations du comité, qui croit avoir entendu tits, un mot vulgaire pour désigner les seins.

Rivard doit ensuite expliquer qu'il n'est pas non plus impliqué dans une affair au sens d'aventure avec une femme. Un membre du jury indigné lui demande alors s'il est homosexuel.

Au final, sa demande de subvention est rejetée.

La vidéo a été diffusée notamment par YouTube, où elle s'est hissée parmi les plus vues - la seule du lot qui n'était pas en anglais. En fin d'après-midi, 20 heures après sa mise en ligne, elle avait été vue plus de 38 000 fois.

À cela, il faut ajouter les 23 000 visionnements sur le site Tagtélé.com, équivalent québécois de YouTube. «Il y a des gens qui ont commencé à en parler hier soir (jeudi), dit Jonathan Moquin, de Tagtélé. On l'a mise en vedette pour soutenir ce mouvement. On est un site québécois qui fait la promotion de la culture québécoise.»

Les trois interprètes n'ont pas voulu répondre aux questions de La Presse hier. Ils ont donné leur temps. La production, très léchée, aurait suivi une journée de tournage, vers le 2 septembre. Le mystère planait sur l'identité de ses artisans.

«Michel Rivard ne répondra à aucune question, a dit sa porte-parole, Emmanuelle Aranda. Tout ce qu'il avait à dire se trouve dans la vidéo et il l'assume pleinement.»

Stéphane Rousseau était en vol vers Paris hier. «Il n'avait jamais pris de position politique auparavant, affirme sa porte-parole, Sylvie Savard. Mais il assume complètement le contenu de la vidéo.»

Une version plus longue de la vidéo, d'une durée de neuf minutes, sera projetée le 23 septembre au cours du spectacle gratuit organisé au Club Soda par un regroupement spontané d'artistes, dont Michel Rivard. Là aussi, les artisans et artistes sont bénévoles, affirme l'organisatrice, Stéphanie Moffat. «Tout le monde embarque, dit-elle. C'est les élections et il faut forcer les partis politiques à se prononcer.»