Les syndicats du pays criaient victoire au lendemain de la défaite du gouvernement conservateur de Stephen Harper.

«Mission complètement accomplie», «le soleil brille aujourd'hui», «c'est de la musique à mes oreilles», s'exclamait en entrevue, mardi, Serge Cadieux, le numéro deux de la FTQ.

La plus grande centrale syndicale du Québec, avec ses 600 000 membres, avait en effet déployé d'importantes énergies pour faire battre le gouvernement de Stephen Harper. Elle avait concentré ses efforts dans les circonscriptions où le Parti conservateur avait le plus de chances de faire élire ses candidats.

«Notre objectif n'était pas de remplacer ce gouvernement-là par un gouvernement d'une couleur particulière; on le répète depuis un an. On disait que n'importe quelle autre formation ferait un meilleur gouvernement que les conservateurs. Donc l'objectif, cette année, était de battre les conservateurs. Et on a battu les conservateurs», s'est réjoui le secrétaire général de la FTQ.

Toutefois, la FTQ voulait nommément battre les ministres sortants Denis Lebel et Steven Blaney, ce qu'elle n'a pas réussi à faire. Mais, selon M. Cadieux, Denis Lebel «a eu la frousse de sa vie» dans Lac Saint-Jean. Quant à Steven Blaney, M. Cadieux fait valoir que le bassin de syndiqués dans sa région n'était pas énorme et que la région de Québec est reconnue pour être «ultraconservatrice».

M. Cadieux souligne que Stephen Harper «est le seul chef de gouvernement qui a refusé de rencontrer un dirigeant syndical pendant tout le temps qu'il a été au pouvoir».

Le secrétaire général de la FTQ se montre optimiste pour la relation à venir entre le gouvernement Trudeau et les syndicats.

«On l'a rencontré, le président et moi, au printemps, et on sent une ouverture de M. Trudeau de travailler avec le mouvement syndical. Donc, on n'a pas d'inquiétude. On a vu son programme et on est obligé de constater que son programme économique est plus progressiste que le programme économique qui était mis de l'avant par le NPD», souligne-t-il.

Pourtant, ailleurs au pays, des syndicats appuyaient ouvertement le NPD - ce qui n'était pas le cas de la FTQ.

Maintenant que la poussière est retombée, la FTQ s'attend à ce que les crédits d'impôt accordés aux contribuables qui cotisent à un fonds de travailleurs, comme le Fonds de solidarité de la FTQ, soient rétablis dans leur totalité «avant Noël». M. Trudeau s'était engagé à le faire, mais sans fixer d'échéancier.

De même, la FTQ s'attend à ce que les critères d'accès à l'assurance-emploi soient élargis, puisqu'à l'heure actuelle, à cause des restrictions au régime qui ont été implantées, seulement 38% des chômeurs ont accès aux prestations.

À son tour, l'Alliance de la fonction publique du Canada, qui est le plus important syndicat de fonctionnaires fédéraux au pays, presse déjà le premier ministre Trudeau d'améliorer les services publics et de rouvrir les neuf bureaux des Anciens combattants qui avaient été fermés en 2014.

«Les électeurs en avaient assez des attaques constantes des conservateurs de Harper à l'égard des fonctionnaires fédéraux», a opiné la présidente nationale de l'alliance, Robyn Benson.

L'AFPC réclame aussi l'abrogation des lois jugées antisyndicales adoptées par le gouvernement conservateur. Par exemple, la loi C-377 oblige les syndicats à rendre accessibles au public différentes données financières et C-525 complique la syndicalisation des travailleurs au palier fédéral.