Restera? Restera pas? Le chef du Bloc québécois n'a pas voulu annoncer s'il comptait demeurer en poste, ce midi, au cours d'une conférence de presse où il a réitéré sa déception face aux résultats d'hier et sa fierté quant à la campagne qu'il a menée.

Alors qu'il n'avait pas attendu une minute, en 2011, pour annoncer sa démission, Gilles Duceppe compte prendre son temps cette fois-ci. L'état-major du Bloc se réunira jeudi et décidera collectivement de la suite des choses, a répété jusqu'à plus soif Gilles Duceppe, devant les questions insistantes des journalistes.

«Les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances, bien sûr, a dit le chef bloquiste. C'est pas un bon score.»

Le Bloc québécois a fait élire 10 députés (6 de plus qu'en 2011), mais n'a recueilli l'appui que de 19% des électeurs québécois (4 points de moins qu'en 2011). En pourcentage de votes, c'est le plus bas score recueilli par le Bloc ou le Parti québécois depuis leur naissance.

Ce résultat trahit toutefois davantage le rejet de Stephen Harper par les Québécois qu'un vrai affront au mouvement souverainiste, a analysé M. Duceppe. 

«Je constate comme tout le monde que la population a exprimé un vif désir de changer le gouvernement conservateur. C'est M. Trudeau et les libéraux qui en ont profité», a-t-il dit, mais «je ne pense pas qu'il y ait un grand emballement pour le fédéralisme». 

«La question du vote stratégique était là dès le départ, a-t-il ajouté. Elle a changé de porteur de ballon. C'est essentiellement cela.»

Par ailleurs, des têtes d'affiche bloquistes - dont le doyen du parti - souhaitent que Gilles Duceppe demeure à la tête de la formation politique malgré sa défaite personnelle dans Laurier-Sainte-Marie.

Plamondon, réélu pour un 10e mandat consécutif, s'est réjoui de l'augmentation du nombre de députés souverainistes que les Québécois ont fait élire: de quatre députés élus en 2011 à dix lundi, en passant par seulement deux à la dissolution du Parlement.

Et pour les mener, le chef historique du Bloc devrait rester en selle, selon lui. «Moi ce que je souhaite le plus, c'est qu'il demeure», a fait valoir M. Plamondon. «M. Duceppe pourrait passer deux jours par semaine à Ottawa et ensuite être le porte-parole officiel du Bloc à travers le Québec.»

Même son de cloche du côté de l'acteur et militant Denis Trudel, battu lundi dans Longueuil-Saint-Hubert. «On en a besoin comme chef, comme leader, comme meneur, a-t-il affirmé. Je pense qu'il doit rester. Je pense qu'il le veut aussi.» M. Trudel a rappelé que René Lévesque avait dirigé le Parti québécois pendant quelques années avant la victoire de 1976 sans pour autant siéger à l'Assemblée nationale.

M. Plamondon a ajouté que Mario Beaulieu, qui a été élu lundi dans l'est de Montréal, avait déjà accepté que «ça levait pas» lorsqu'il était à la tête du parti.

En entrevue téléphonique, Denis Trudel a dit espérer que l'élection d'un Trudeau puisse faire «sortir» le Québec du débat gauche/droite pour se «réaligner sur la question nationale».