Un candidat conservateur de la région de Montréal, Richard Sagala, a soulevé la controverse en estimant que la délégation de pouvoirs au Nunavut avait été négative, la violence dans ce territoire étant comparable à celle observée en Afrique du Sud, l'un des pays les plus violents au monde. «De l'ignorance et du racisme», dénonce un candidat libéral d'origine inuite.

Lors d'un débat organisé le 1er octobre dans la circonscription de Notre-Dame-de-Grâce-Westmount, le candidat Richard Sagala a été questionné sur la nécessité de mener une enquête sur les femmes autochtones disparues. Défendant le bilan conservateur touchant les Premières Nations, il a alors indiqué que tous les gouvernements avaient eu des difficultés à régler les problèmes des peuples autochtones, citant à titre d'exemple la délégation de pouvoirs au Nunavut, un échec à ses yeux.

«Le Nunavut n'est pas une si bonne expérience. La violence là-bas est comparable à celle en Afrique du Sud. Imaginez, c'est 1000 fois plus élevé qu'au Canada. Vous savez, nous avons essayé de leur déléguer une partie du pouvoir, et voilà ce qui s'est produit», a déclaré le candidat.

Ces propos ont fait bondir le candidat libéral au Nunavut, Hunter Tootoo.

«C'est de l'ignorance, du racisme. C'est dégoûtant, gênant d'entendre quelqu'un au Canada parler ainsi du Nunavut et des gens des Premières Nations. Il n'y a pas de place pour des commentaires faux et insultants sur les Inuits ou tout autre peuple autochtone.» Celui-ci a aussitôt demandé des excuses du premier ministre Stephen Harper pour les propos de son candidat.

«Faire un lien entre les femmes autochtones disparues et assassinées et la fondation du Nunavut, remettre en question l'existence même du Nunavut et se référer à maintes reprises à «eux» en parlant des peuples autochtones, tout cela est franchement ignoble», a ajouté M. Tootoo.

Vérification faite, le taux de criminalité au Nunavut est de fait plus élevé que dans le reste du Canada, mais beaucoup moins qu'en Afrique du Sud. Selon Statistique Canada, on recense au pays 1,45 meurtre par 100 000 habitants, contre 10,93 au Nunavut.

En comparaison, le taux de meurtre en Afrique du Sud est de 33 par 100 000 habitants. Le pays se classe ainsi parmi les 10 plus dangereux au monde.

Dans un courriel envoyé à La Presse, Richard Sagala a dit vouloir «clarifier ses propos. Je soutiens pleinement la délégation des pouvoirs au Nunavut annoncée par le gouvernement conservateur. [...] Nous avons été le premier gouvernement à développer une Stratégie pour le Nord pour que les habitants du Nord puissent faire les choix qui ont un impact sur leur vie».

Nos questions sur le parallèle tracé avec la violence en Afrique du Sud sont toutefois restées sans réponse.

Le Parti conservateur s'est dit satisfait des clarifications de son candidat.