À deux semaines du scrutin, le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a tenté dimanche de mettre derrière lui le débat sur le niqab en admettant être lui-même « inconfortable » avec le port de ce voile musulman.

Le chef néo-démocrate l'avait évoqué lors du dernier débat en français, vendredi, mais il a insisté davantage dimanche, sur le plateau de l'émission Tout le monde en parle. « Je trouve ça honteux », a-t-il dit à propos de la stratégie du Parti conservateur, qui a transporté la question du niqab dans la campagne en annonçant son intention de contester la décision de la Cour d'appel fédérale, qui a confirmé à la mi-septembre la non-validité de la directive ministérielle visant à interdire aux femmes de prêter serment en étant voilées.

« Mais je comprends, a poursuivi Thomas Mulcair, parce que je partage ce malaise sur le niqab. Mais je crois aussi qu'on doit respecter les tribunaux », a-t-il dit. « Ça profite à qui, cette histoire-là ? », a-t-il aussi demandé. « Il fait ça pourquoi, M. Harper ? Il avait 10 ans pour régler le problème... »

La position du NPD a créé de la dissension au sein même de l'équipe néo-démocrate au cours des derniers jours. Les candidats Pierre Nantel, Roméo Saganash, Jean-François Delisle et Danielle Landreville ont tour à tour exprimé leur opposition au port du niqab. Mais cela n'ébranle en rien le chef, a assuré le principal intéressé.

« Ils [les candidats] reflètent ce qu'ils entendent dans leur porte-à-porte. Ils savent que les gens sentent le malaise. Ils le partagent et je le partage », a affirmé Thomas Mulcair. « M. Harper est en train de se positionner comme défenseur des droits des femmes. Mais à chaque occasion, il ramène la question de l'avortement. Il refuse de lancer une enquête sur les femmes autochtones disparues ou assassinées », a-t-il indiqué.

Non à Énergie Est

À propos du projet d'oléoduc Énergie Est, qui transporterait le pétrole brut de l'ouest du pays vers les provinces de l'est, Thomas Mulcair a fourni une réponse qui prenait une formulation différente de ce qu'il avait l'habitude de dire. « C'est non, a-t-il assuré, tant qu'il n'y aura pas de processus clair, crédible et complet d'évaluation environnementale. » Auparavant, le chef néo-démocrate a plutôt affirmé être en accord avec le projet d'oléoduc, à condition que celui-ci subisse une évaluation environnementale rigoureuse. Or, « c'est rendu impossible de juger positivement un de ces oléoducs-là », a-t-il déclaré dimanche, en jetant le blâme sur la modification ou l'abolition de diverses lois environnementales par le gouvernement de Stephen Harper.

Interpellé par le philosophe Normand Baillargeon sur la question du « musèlement » des scientifiques sous le règne des conservateurs, Thomas Mulcair s'est montré incisif. « M. Harper prend des décisions et invente des preuves après », a-t-il avancé. « Il a congédié 4000 scientifiques et chercheurs, il a fermé 16 bibliothèques scientifiques. [...] Je ne pensais jamais que ça m'arriverait, dans ma carrière politique, de devoir dire : je crois à la science. »

Quant au projet de loi antiterroriste C-51, le chef néo-démocrate a réitéré l'intention de son parti d'abolir la loi qui en a découlé. Il a insisté sur le caractère intrusif de celle-ci. « Tous les experts disent que les lois existantes sont suffisantes », a-t-il déclaré. « Cette loi est la plus importante attaque à vos droits et libertés depuis la Loi sur les mesures de guerre de Trudeau, en 1970. »