Les caravanes des chefs de trois partis politiques ralentissaient la cadence au 60e jour de la campagne électorale, en préparation d'un cinquième et dernier débat télévisé, à l'affiche vendredi.

À l'avant-veille de ce débat, un sujet s'imposait et un autre refusait de se faire oublier: le Partenariat transpacifique (PTP) et le niqab.

Stephen Harper n'avait qu'un rassemblement partisan à l'horaire, mercredi soir à Québec. C'est donc son ministre des Finances, Joe Oliver, qu'on n'avait pas vu depuis le déclenchement de la campagne, qui a fait irruption, tenant un point de presse à Toronto, mercredi matin.

M. Oliver a affirmé que le gouvernement conservateur a le droit de participer aux négociations du Partenariat transpacifique (PTP), et ce, même si le pays est en pleine campagne électorale.

«Il y a une convention en place et, bien sûr, nous consultons le Conseil privé sur ces questions. Quand il y a un dossier d'importance ou un dossier urgent dont le gouvernement doit s'occuper pour l'intérêt national, il est approprié que le gouvernement s'en occupe. Et c'est certainement le cas, ici», a déclaré M. Oliver.

La «convention de transition» limite les activités gouvernementales en périodes électorales. Elle stipule que le parti au pouvoir doit discuter avec les partis de l'opposition de dossiers susceptibles d'avoir un impact important sur les futurs gouvernements.

Le ministre sortant a refusé de dire si le Parti conservateur avait consulté ses adversaires libéral et néo-démocrate au sujet des pourparlers sur l'accord de libre-échange. Les adversaires en question se sont montrés moins discrets.

«Ce gouvernement ne m'a jamais approché avec des suggestions ou des questions sur l'accord PTP», a affirmé Justin Trudeau.

Sans être aussi précis, Thomas Mulcair a fait le même reproche de «cachoteries» à Stephen Harper.

«On n'a pas vu une seule ligne de texte encore. (...) Je sais que chaque détail est très important. Donc je ne peux pas commenter quelque chose qu'on n'a pas vu. Et la raison pour laquelle on n'a rien vu, c'est que Stephen Harper fait ça derrière des portes closes comme à son habitude», a déclaré M. Mulcair.

Les deux leaders disent donc ne rien savoir de ce qui se trame à Atlanta, là où une entente de principe pourrait se conclure aussi tôt que vendredi.

On s'inquiète de concessions possibles sur la gestion de l'offre en agriculture et la fabrication de pièces automobiles. M. Mulcair a donc attaqué M. Harper sur ces deux fronts.

«Pour moi, ce n'est pas négociable. Notre système de gestion de l'offre doit être défendu intégralement. C'est ce que je demande à Stephen Harper d'assurer depuis le début et c'est pour ça qu'il patine, parce que j'ai bien peur qu'il est en train de le mettre sur la table. Pour ce qui est de notre secteur automobile, (...) voilà que Stephen Harper est en train de mettre en péril 80 000 bons emplois dans le secteur manufacturier», a accusé le chef néo-démocrate.

Encore le niqab

Alors qu'il était monté jusqu'au Nunavut pour parler, entre autres, de changements climatiques, le chef du Nouveau Parti démocratique était encore poursuivi par des questions sur le niqab, mercredi. La veille, une poignée de ses candidats québécois se sont dissociés de la position officielle avant, pour certains, d'être rappelés à l'ordre.

Encore une fois, M. Mulcair a répété son malaise face au niqab tout en maintenant son refus de l'interdire, question de droits individuels.

«Moi aussi ça me met mal à l'aise. Mais une fois que les tribunaux ont statué, c'est ça», a-t-il dû répéter, encore une fois.

«On voit très clairement par des chiffres comme ça que c'est un enjeu soulevé par des politiciens qui n'ont rien à offrir», a pour sa part repris M. Trudeau, lorsqu'on lui a souligné que seulement deux femmes, depuis 2011, ont refusé de se dévoiler pour prêter serment.

Pendant ce temps, à Montréal, le chef du Bloc québécois maintenait que la question du niqab en est une de principe fondamental.

«Ceux qui invoquent le fait que ce serait marginal, pas important, sont également en rupture avec la réalité québécoise et même canadienne», a déclaré Gilles Duceppe, se fiant aux sondages sur la question.

Les promesses

À Surrey, en Colombie-Britannique, Justin Trudeau a promis 3 milliards en quatre ans pour améliorer les services de soins à domicile. Et comme la santé est de compétence provinciale, le chef libéral a assuré qu'il ouvrira à nouveau les négociations sur les transferts aux provinces pour les soins de santé.

Il veut faire des soins à domicile une question prioritaire. Mais il promet de s'engager dans les discussions avec les provinces de manière «respectueuse».

Les provinces sont jalouses de leur compétence en santé et elles ont l'habitude de réclamer des transferts fédéraux en santé, sans condition.

À Iqaluit, M. Mulcair a souligné les engagements de son parti pour la lutte aux changements climatiques, particulièrement dans le Nord.

Le NPD promet 100 millions pour une initiative qui permettra à 25 communautés nordiques éloignées de réduire leur impact sur les changements climatiques. Ces millions seraient investis dans l'énergie éolienne et d'autres formes d'énergie verte, diminuant ainsi la dépendance au diesel.

M. Mulcair a, bien sûr, vertement critiqué le bilan conservateur dans ce dossier, lui reprochant le musellement des scientifiques à l'emploi du gouvernement fédéral.

«J'ai jamais pensé que ce serait nécessaire pour un élu de venir dire qu'il croit à la science. Mais voilà où on est rendu dans le Canada de Stephen Harper», a ironisé M. Mulcair.

Un gouvernement néo-démocrate créerait un bureau de directeur parlementaire des sciences qui informerait les élus directement des travaux scientifiques, leur donnant accès à des analyses factuelles.