Le candidat du Bloc québécois dans Montcalm, Jacques Tremblay, a annoncé dimanche soir son retrait de la campagne électorale après que La Presse a appris qu'il avait déjà fait l'éloge du Front national (FN), le parti d'extrême droite français, de même que sa présidente, Marine Le Pen, sur sa page Facebook.

«Digne d'un chef d'État, davantage qu'Hollande ou Sarko!!! Vivement le FN et vive la France patriote!!!», avait écrit Jacques Tremblay sur sa page personnelle, en relayant les propos d'un ami, en janvier, quelque temps après les attentats de Charlie Hebdo. Sous ces commentaires, il partageait une vidéo de Marine Le Pen dénonçant une «professionnalisation des attentats» et appelant la France à passer à l'action dans la lutte contre «l'islamisme radical».

«Le candidat n'a jamais voulu cautionner de quelque façon que ce soit le FN. Il n'avait pas conscience de ce que ça représentait», a déclaré le Bloc, tard hier soir.

«Mis au fait de la controverse et voyant que ça pouvait nuire au parti, M. Tremblay a choisi de retirer sa candidature.»

Avant d'être candidat au fédéral, Jacques Tremblay a été conseiller municipal à Mascouche. Il a quitté l'hôtel de ville en 2013 afin de laisser la voie libre à son fils, Guillaume, qui est aujourd'hui le maire de cette municipalité de Lanaudière.

Le discours que le candidat bloquiste a partagé, et qui a mené à son départ de la politique, a été publié sur le site du FN le 8 janvier, le lendemain des attentats de Charlie Hebdo. La présidente du FN, Marine Le Pen, avançait qu'il était de sa responsabilité «de dire que la peur doit être surmontée». «[...] Cet attentat doit au contraire libérer notre parole face au fondamentalisme islamique, ne pas se taire, et commencer par oser nommer ce qui s'est passé», déclarait-elle sur un ton solennel.

Marine Le Pen, présidente du FN depuis 2004, s'est notamment fait connaître pour ses positions tranchées à propos de l'immigration. Il y a quelques jours, elle a réitéré la ligne dure de son parti face à l'arrivée des migrants, vantant au passage le modèle à l'australienne, qui consiste à retourner les bateaux de réfugiés, parfois pour les emmener dans des lieux de détention outre-mer. L'an dernier, elle a suggéré un renforcement «considérable» des critères du droit d'asile, proposant du même souffle de «renvoyer [les réfugiés] chez eux, même dans des pays en guerre». Encore en 2013, Marine Le Pen avait comparé la prière en public (que font les musulmans en France) à l'Occupation.

Le Bloc québécois a dénoncé pendant la fin de semaine le «mépris» du Nouveau Parti démocratique (NPD), dont un porte-parole l'a comparé au FN vendredi. Le NPD réagissait ainsi à la nouvelle publicité du Bloc, dans laquelle une tache de pétrole se transforme en niqab pendant qu'une voix hors champ rappelle la position défavorable du Bloc concernant le port de ce voile musulman aux urnes lors d'une élection ou de l'assermentation.

Samedi, la candidate bloquiste Chantal St-Onge s'est excusée d'avoir manifesté son appui au groupe islamophobe PEGIDA-Québec après des révélations dans La Presse. «J'avoue que je n'ai pas été assez attentive», a-t-elle écrit à propos d'un message de soutien qu'elle avait écrit sur la page Facebook d'une manifestation organisée par le groupe anti-islam. Le Bloc québécois a défendu sa candidate, disant d'elle qu'elle était peu à l'aise avec les médias sociaux et qu'elle avait fait «une erreur de bonne foi».

Jacques Tremblay n'est pas le premier candidat à se retirer depuis le déclenchement de cette campagne électorale. Il y a dix jours, c'était le cas d'une candidate libérale dans une circonscription de la Colombie-Britannique, à qui on reprochait d'avoir partagé un article qui faisait un lien entre la consommation de cannabis et la diminution de la violence conjugale.

Un peu plus tôt, un candidat conservateur de la région de Toronto s'est lui aussi retiré quand ont refait surface des images montrant l'ancien réparateur d'appareils ménagers en train d'uriner dans une tasse chez un client.

Finalement, le néo-démocrate Morgan Wheeldon a retiré sa candidature en août, en raison de commentaires qu'il avait écrits sur Facebook au sujet de la situation politique au Proche-Orient. Un an plus tard, il aurait avancé qu'Israël avait l'intention de procéder à un nettoyage ethnique au Proche-Orient.