Après avoir voté contre l'intervention canadienne en Irak et en Syrie, le Bloc québécois appelle maintenant à la poursuite des frappes militaires, qualifiant d'« irresponsable » l'engagement du NPD à mettre fin à la mission de combat.

« Refuser de les combattre, c'est abdiquer notre responsabilité en plus de compromettre notre sécurité », lance Charles Mordret, candidat du Bloc québécois dans Québec. Celui-ci a durement critiqué le NPD, qui souhaite privilégier la voie diplomatique. « On ne peut prétendre à gouverner un pays avec des positions d'une telle naïveté. Personne n'aime la guerre, la guerre est un désastre. Mais parfois, pour arriver à la paix, il faut intervenir militairement. »

Cette position tranche pourtant avec celle adoptée par les deux députés bloquistes à Ottawa au cours de la dernière année. Louis Plamondon et Claude Patry avaient en effet voté contre les motions du gouvernement Harper visant à fournir des ressources militaires canadiennes dans le cadre de la lutte contre l'EI, en octobre 2014 et mars dernier. Ces motions prévoyaient que les Forces armées canadiennes fournissent de la formation aux forces de sécurité irakiennes et qu'elles participent aux frappes aériennes de la coalition internationale contre l'EI.

Or maintenant, même le chef du Bloc, Gilles Duceppe, se montre favorable à la mission militaire. Mardi, il n'a d'ailleurs pas écarté l'idée d'appuyer l'envoi de troupes au sol si des alliés décidaient d'intensifier leur engagement, comme le Royaume-Uni ou la France. 

« On doit avoir cette discussion avec les alliés. Chose certaine, on ne peut penser qu'on ne fera que de l'aide humanitaire et que le groupe État islamique va rester les bras croisés pendant qu'on aide les pauvres gens. »

Charles Mordret assure que cette prise de position ne vient pas en contradiction avec le vote du Bloc en Chambre. Le candidat justifie l'opposition de ses collègues à l'époque en disant que les motions n'insistaient pas suffisamment sur l'aspect humanitaire. « La guerre a plusieurs dimensions et une de ces dimensions est humanitaire. On parlait d'une intervention au nom du devoir humanitaire. On ne voulait pas donner un chèque en blanc au gouvernement Harper, la mission mal était définie », dit-il.

Une politique étrangère indépendante des États-Unis

La question du conflit syrien a continué à occuper une place importante dans la campagne électorale, hier. Thomas Mulcair a réitéré qu'un gouvernement néo-démocrate n'attendrait pas la fin de la mission prévue en mars pour cesser les frappes aériennes en Irak et en Syrie, insistant sur l'importance de ne pas coller systématiquement à la politique étrangère américaine.

« Le multilatéralisme a toujours fait partie de l'approche canadienne, mais ce n'est pas une mission sous l'égide de l'OTAN ou de l'ONU. C'est une coalition menée par les États-Unis », a-t-il dit. 

« Le Canada est libre d'agir à sa guise et nous aurons une politique étrangère indépendante sous un gouvernement du NDP et nous allons mettre fin à notre participation militaire. »

Le chef néo-démocrate croit que le Canada ferait mieux de consacrer ses efforts avec ses alliés à mettre fin au flot de combattants étrangers, d'armes et d'argent affluant vers la Syrie et l'Irak.

Le chef néo-démocrate a également défendu son engagement à accueillir 10 000 réfugiés syriens d'ici la fin de 2015 si le NPD est élu. Il a rejeté les arguments de Stephen Harper qui invoque les risques de sécurité pour justifier son refus d'en accueillir davantage. « Oui, c'est une préoccupation, mais on ne peut pas invoquer cela pour ne rien faire », a plaidé Thomas Mulcair.

Réduire les délais pour les réfugiés syriens sélectionnés



Le chef conservateur, Stephen Harper, a pour sa part assuré que son gouvernement travaillait à réduire les délais pour faciliter l'arrivée des réfugiés syriens sélectionnés. Pas question toutefois de mettre en danger la sécurité du pays. Il n'a pas voulu préciser sa pensée sur les enjeux de sécurité soulevés par l'arrivée des réfugiés syriens, disant que « le public n'a pas besoin de beaucoup pour comprendre, considérant la nature du conflit dans la région syrienne et irakienne, la nature du danger que pose le groupe État islamique ».

De leur côté, les libéraux se sont adressés au ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, pour demander que 800 réfugiés syriens menacés d'expulsion fassent l'objet d'une suspension temporaire des renvois.

- Avec la collaboration de Hugo de Grandpré

Promesses du jour

PLC: régions côtières

Critiquant le bilan environnemental du gouvernement de Stephen Harper, le chef libéral s'est engagé hier, lors d'un passage à Vancouver, à mieux protéger les régions côtières du Canada s'il est élu premier ministre. Un gouvernement libéral ferait ainsi passer la superficie des zones côtières protégées de 1,3 à 5% en 2017, puis 10% d'ici 2020. Justin Trudeau entend également rétablir le financement de 40 millions retiré aux programmes de recherche océanographique. Sujet chaud en Colombie-Britannique, le chef libéral s'est aussi engagé à mettre en place un moratoire sur le transport de pétrole brut sur la côte nord de la province pour éviter un déversement. Cet engagement risque d'avoir des échos au Québec, alors que le transport de pétrole est en hausse sur le fleuve Saint-Laurent, soulevant des inquiétudes.

PCC: pêche au homard

Profitant d'une visite à l'Île-du-Prince-Édouard, le premier ministre Stephen Harper s'est engagé à soutenir la pêche au homard si son gouvernement est réélu. Le chef conservateur a promis d'investir 20 millions sur trois ans pour développer ce secteur d'activité qui représente des exportations de 1 milliard par an, fournissant des emplois à 35 000 travailleurs, principalement en Atlantique et au Québec. Cet argent servira principalement à promouvoir le homard à l'étranger et à négocier des accords commerciaux. Une partie, 5 millions, irait dans la recherche afin d'assurer la durabilité de ce secteur économique. 

NPD: les jeunes

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) compte séduire les jeunes en promettant de les aider à accéder au marché du travail. En tournée à Winnipeg hier, Thomas Mulcair a annoncé vouloir contribuer à la création de 40 000 emplois et stages rémunérés pour les jeunes. Pour y arriver, un gouvernement néo-démocrate miserait sur des partenariats avec les entreprises, les organisations non gouvernementales et l'administration publique. Les projets fédéraux d'infrastructures devraient prévoir la création de postes d'apprentis. Pour encourager les municipalités et les gouvernements autochtones à faire de même, Thomas Mulcair compte leur offrir des incitatifs à l'embauche d'apprentis dans leurs projets d'infrastructures.