Officiellement, le chef du Parti québécois (PQ) rencontrait, samedi à L'Assomption, les présidents des 125 circonscriptions et 17 associations régionales de son parti. Mais dans les faits, Pierre Karl Péladeau donnait un vif coup d'éperon à ses troupes, afin qu'elles redoublent d'ardeur pour sortir le Bloc québécois de la fâcheuse posture où il se trouve depuis les dernières élections fédérales.

Dans un discours livré sans notes, le chef péquiste a galvanisé les troupes, promettant que le PQ ferait désormais campagne sur son option fondamentale, la souveraineté. Pas question d'esquiver ce débat sous prétexte de rassurer certains électeurs plus frileux. 

Au micro, les interventions sont venues conforter cette stratégie, a-t-on appris au terme de cette rencontre qui s'était déroulée à huis clos.

Devant les journalistes comme derrière les portes closes, les quelques députés péquistes présents ne se sont pas montrés inquiets à l'idée d'appuyer le Bloc québécois, qui n'avait plus que deux députés en Chambre quand le Parlement a été dissous. 

«On sait qu'il y a une grosse côte à remonter», a tout de même confié l'un d'eux à La Presse. «Tout le monde comprend qu'il faut resserrer les rangs, quel que soit l'état des lieux», a renchéri un autre participant. 

«Ce n'est rien de bien bien nouveau [l'appui du PQ au Bloc]. Ça a toujours été comme ça», a aussi déclaré Gilles Duceppe, sur un ton confiant. Le chef bloquiste a dit sentir un fort appui sur le terrain, surtout parce que, selon lui, les citoyens «ne connaissent pas» les députés néo-démocrates qui les représentent depuis quatre ans.  

Parce que tous les efforts seront tournés vers la campagne fédérale, le PQ ne pourra atteindre son objectif de campagne de financement pour l'année, établi à 1,2 million de dollars. Le parti, qui se trouve à 55 % de sa cible, reprendra le travail de collecte de fonds après les élections du 19 octobre. Le directeur du Parti québécois, Alain Lupien, sera aussi affecté à temps plein à la campagne du Bloc.

Dans une courte allocution, Gilles Duceppe a déclaré que la caisse de son parti permettait de faire la campagne actuelle. Après le conseil général du Bloc, le 7 septembre, le rythme de la campagne devrait s'accélérer. Annonces, slogan officiel et affiches personnalisées seront notamment dévoilés. Le parti se garde quand même un peu de réserves : le sprint final commencera une fois les débats télévisés terminés. 

Et advenant l'élection d'un gouvernement conservateur minoritaire, le Bloc n'exclut pas d'appuyer une coalition qui viendrait barrer la route aux troupes de Stephen Harper. «Ce coup-ci, depuis qu'il est majoritaire, je ne vois pas comment établir des ponts avec Stephen Harper», a déploré Gilles Duceppe. «Les deux autres partis ont des positions qu'il serait plus facile d'appuyer. On ne ferait pas de chèque en blanc, cependant», a-t-il averti. 

Le Bloc ne serait donc plus jamais membre d'une coalition, mais il «pourrait» en appuyer une, ou encore se ranger derrière le parti d'opposition, selon son chef.

Le PQ courtisera les jeunes

Une fois la campagne fédérale terminée, le directeur du Parti québécois (PQ), Alain Lupien, fera du recrutement des jeunes au Parti québécois son objectif premier. Les militants de 18 à 30 ans manquent souvent à l'appel, estime-t-il, tandis que le PQ compte beaucoup d'appuis chez les électeurs de plus de 55 ans. 

Le PQ tiendra par ailleurs un conseil national à la fin novembre. Le comité chargé d'organiser le prochain congrès, sans doute à l'automne 2016, sera alors formé. Comme l'a déjà annoncé Pierre Karl Péladeau, un Institut de la souveraineté sera mis sur pied cet automne, sous la responsabilité de l'ancien député Daniel Turp. D'autres changements ont été évoqués en coulisse, notamment le retour d'Anik Bélanger, ex-attachée de presse sous Bernard Landry, qui reprendra du service dans l'entourage de M. Péladeau.

En revanche, Julien Lampron, directeur des communications sous Pauline Marois, quittera bientôt ses fonctions.