Dégringolade des marchés boursiers, inquiétudes affichées d'une banque à propos du choix à venir des électeurs... L'économie était le seul discours des chefs des partis en cette 24e journée de la campagne électorale qui mènera les Canadiens aux urnes le 19 octobre prochain.

Mais un homme seul a réussi à parler environnement, pendant quelques secondes, le temps d'interrompre un discours de Stephen Harper au Québec.

L'équipe libérale a donné le ton, tôt mardi matin, à Scarborough en Ontario. Justin Trudeau s'est présenté devant les caméras avec ses candidats qui affichent un pedigree en finances ou en économie. Et il avait à ses côtés un invité spécial: Paul Martin, l'ancien ministre des Finances qui a réussi à équilibrer une série de budgets fédéraux dans le gouvernement de Jean Chrétien.

M. Trudeau a attaqué son adversaire conservateur à qui il reproche la mauvaise croissance économique et deux récessions. Il s'en est également pris à son adversaire néo-démocrate.

«Il y a beaucoup de gens à travers le pays qui se posent des questions sur l'absence totale de plan économique de M. Mulcair. (...) La réalité, c'est que M. Mulcair n'offre aucun plan pour la croissance et ça commence à inquiéter les gens», a avancé M. Trudeau.

C'est ainsi que le chef libéral explique pourquoi, dans une lettre à ses investisseurs, la CIBC a cité comme facteur d'instabilité le fait que les Canadiens pourraient élire un gouvernement autre que conservateur ou libéral, cet automne.

Aussi en Ontario, Thomas Mulcair n'a pas tardé à répliquer. Mais il l'a fait du bout des lèvres.

«Moi, ce que je regarde du côté de la banque CIBC, c'est qu'ils ont fait un rapport (...) il y a à peine deux mois (qui) disait que la qualité des emplois créés en ce moment au Canada est à son plus bas niveau depuis une génération», s'est rappelé M. Mulcair. Et cette analyse de la banque «conforte» celle de son parti, a-t-il souligné.

M. Mulcair était à Dundas, en Ontario, pour rappeler qu'un gouvernement néo-démocrate augmenterait légèrement le taux d'imposition des grandes entreprises et diminuerait celui des PME. Il y a répété son engagement à déposer un premier budget équilibré. Le déficit budgétaire de cette année, c'est Stephen Harper qui le porte, de l'avis de M. Mulcair.

Le chef bloquiste Gilles Duceppe s'en est pris, lui aussi, à M. Harper en s'inquiétant de la situation économique.

«Ça nous montre que quand on mise trop, par exemple, sur le pétrole, ça donne ces résultats, a-t-il dit. Mettre tous ses oeufs dans le même panier, je pense que c'est erroné», a-t-il offert en guise de critique de la politique du Parti conservateur, alors qu'il était de passage à Rimouski, en marge de la réunion de caucus des députés du Parti québécois.

À Québec, le matin, le chef conservateur a dû justifier la publicisation, lundi, par son bureau de premier ministre, d'un appel qu'il a fait à la Banque du Canada.

«J'ai téléphoné (...) à la Banque du Canada parce qu'il y a des développements importants dans les marchés. Et comme premier ministre, c'est mon job de parler régulièrement pas seulement avec le gouverneur, mais (aussi) avec d'autres analystes dans le gouvernement et hors du gouvernement pour être connaissant (sic) de la situation», a plaidé M. Harper.

Il a ainsi nié vouloir donner un coup de pouce à sa campagne en envoyant ce communiqué de presse qui ne faisait que rapporter l'appel sans donner de précision sur la conversation téléphonique en question.

En après-midi, M. Harper livrait un discours pour charmer les Québécois, à Lac-Saint-Louis, lorsqu'un militant environnementaliste l'a interrompu. Brandissant un carton, l'homme a crié en anglais: «qui est prêt à s'attaquer aux changements climatiques?».

Il a été hué et expulsé rapidement. Mais son geste relève de l'exploit vu que le Parti conservateur interdit l'accès à ses événements à quiconque n'a pas reçu une invitation personnelle.

À l'autre bout du pays, la leader du Parti vert, Elizabeth May, a présenté, à Burnaby en Colombie britannique, son plan pour du logement abordable.