La décision du premier ministre Stephen Harper de déclencher la plus longue campagne électorale depuis 1872 en plein coeur de l'été n'a pas eu pour effet de dissuader des électeurs de voter dès maintenant.

Quatre jours à peine après la dissolution du Parlement et le lancement de la campagne, plusieurs électeurs n'ont pas attendu au 19 octobre et se sont déjà prévalus de leur droit de vote, a confirmé hier le directeur général d'Élections Canada, Marc Mayrand.

«Les électeurs peuvent déjà aller à n'importe quel bureau d'Élections Canada à travers le pays pour voter, dans leur circonscription ou une autre, et cela depuis que les élections ont été déclenchées. Il y a des gens qui ont déjà voté. Notre premier vote est d'ailleurs venu de quelqu'un en Abitibi, au tout début de la campagne», a-t-il laissé entendre en entrevue avec La Presse.

Voter dès le déclenchement des élections

Depuis 1993, les électeurs peuvent exercer leur droit de vote à n'importe quel moment de la campagne électorale, et pas seulement durant la période de vote par anticipation. La nouveauté cette année, c'est que les Canadiens pourront le faire pendant une aussi longue période, c'est-à-dire près de 80 jours. En temps normal, une campagne dure environ 37 jours. «C'est quelque chose qui est assez mal connu. Ça ne prend pas de raisons particulières pour voter dès maintenant. Vous n'avez pas besoin d'indiquer un motif», a indiqué le grand patron d'Élections Canada.

En entrevue, M. Mayrand a convenu que la décision de M. Harper de déclencher un marathon électoral de 11 semaines a forcé Élections Canada à mettre les bouchées doubles durant les premiers jours. Il a fallu signer de nouveaux baux pour les centaines de locaux que loue l'organisation à travers le pays pour la durée de la campagne afin d'y inclure un mois de location de plus. Le dernier bail a été signé hier matin à Burnaby, en Colombie-Britannique. Il a aussi fallu recruter de nouveaux travailleurs pour remplacer ceux qui ne pouvaient pas se libérer avant le 1er septembre, date à laquelle Élections Canada avait au départ prévu mettre la machine en branle.

«Ce n'est pas évident, car les gens sont recrutés normalement pour deux mois, soit le mois de l'élection et quelques semaines après. Nous leur demandons maintenant d'ajouter un mois et c'est un mois d'été. Il a fallu rappeler des gens. Il y a des gens qui n'étaient pas disponibles, etc. Il y a eu un défi du point de vue des ressources humaines. Tout est en voie d'être réglé. Il n'y a pas de bouton panique, mais il faut gérer cela», a-t-il dit.

Une durée maximale?

La loi électorale prévoit qu'une campagne dure un minimum de 37 jours. Mais elle ne prévoit pas de durée maximale. Doit-on revoir cette loi pour imposer une limite? Le grand patron d'Élections Canada se montre prudent. «On me pose beaucoup de questions sur les règles en vigueur. Ma préoccupation à l'heure actuelle est de faire respecter les règles actuelles. Après l'élection, oui, il va falloir réfléchir à tout cela ». Le directeur général d'Élections Canada doit soumettre un rapport au Parlement après chaque scrutin et faire des recommandations.