Tandis que Thomas Mulcair se réjouissait de l'entrée en scène d'un candidat « ministrable », Stephen Harper se portait à la défense de l'intégrité des proches conseillers qui font campagne à ses côtés.

Il aura fallu attendre au jour 13 de la campagne électorale pour que le Nouveau Parti démocratique (NPD) présente un candidat qui pourrait vraisemblablement aspirer au poste de ministre des Finances au sein d'un gouvernement néo-démocrate.

C'est un ancien grand argentier du gouvernement néo-démocrate de la Saskatchewan qui a décidé de faire le saut chez le grand frère fédéral. Et Andrew Thomson n'a pas choisi la voie de la facilité, puisqu'il se présente dans la circonscription du ministre sortant des Finances Joe Oliver, à Toronto.

Il s'est décrit comme un « ardent défenseur » d'une économie canadienne « basée sur les ressources » cependant inquiet que les conservateurs n'aient pas su composer avec le « ralentissement inévitable » dans ce secteur.

Il fait ainsi un pied de nez au Parti conservateur, qui accuse le NPD de vouloir freiner l'exploitation des sables bitumineux, après que la candidate Linda McQuaig eut affirmé sur les ondes de CBC « qu'une grande quantité de sables bitumineux pourrait devoir rester sous terre ».

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a fait valoir que sa recrue détenait « l'expérience et le bilan en gestion financière dont le Canada a besoin pour remettre l'économie sur la bonne voie et pour apporter un nouveau souffle à la classe moyenne ».

« Comme ministre des Finances, il a déposé plus de budgets équilibrés (deux) que Joe Oliver (un) », a dit le chef du NPD au sujet de M. Thomson, qui a siégé à l'Assemblée législative saskatchewanaise de 1995 à 2007 avant de quitter ses fonctions pour le secteur privé et de s'installer à Toronto.

Pendant que l'équipe de campagne de Thomas Mulcair se félicitait de cette prise, celle de Stephen Harper se retrouvait sous le feu des critiques en raison des nouvelles révélations qui émaillent le procès du sénateur Mike Duffy.

Le chef conservateur a été forcé à se prononcer sur l'intégrité de son chef de cabinet Ray Novak, qui s'était fait dire que son prédécesseur Nigel Wright s'apprêtait faire un chèque de 90 000 $ au Sénat pour rembourser les réclamations de dépenses du sénateur Mike Duffy.

Pressé de questions par les journalistes, M. Harper a suggéré qu'il avait toujours confiance en M. Novak, qui fait campagne à ses côtés et qui a jusqu'à présent refusé de s'exprimer publiquement à ce sujet.

« Pourquoi avez-vous toléré les mensonges de M. Novak et lui avoir même donné une promotion? », a demandé une journaliste au premier ministre sortant.

« Je n'accepte tout simplement pas la prémisse de cette question, a répliqué M. Harper. Les gens doivent être tenus responsables de leurs propres actions; on ne tient certainement pas des subalternes responsables des actions de leurs supérieurs. »

Dans ce cas, seuls MM. Wright et Duffy sont responsables, et ils sont justement devant le tribunal pour rendre des comptes, a martelé le chef conservateur, qui a offert des réponses très succinctes aux trois questions (sur cinq) lui ayant été posées sur le sujet pendant son point de presse.

Le procès hautement médiatisé qui se déroule à Ottawa continue de faire ombrage à la campagne de M. Harper, qui faisait escale dans les Territoires du Nord-Ouest pour promettre un investissement de 14 millions de dollars pour l'amélioration d'une autoroute de la région.

Il s'agit d'une sixième promesse pour les conservateurs depuis le début de la campagne électorale.

Le NPD, qui n'en avait fait aucune jusqu'à présent, a profité de l'annonce de la candidature de M. Thomson pour dévoiler un engagement en matière de transparence budgétaire, qui vise à prémunir le directeur parlementaire du budget (DPB) contre « toute interférence politique ».

En obligeant les ministères et les agences gouvernementales à lui fournir toute l'information disponible, « le NPD offrira aux Canadiens la transparence et la reddition de comptes que les conservateurs n'ont jamais su concrétiser en dix ans au pouvoir », a plaidé Thomas Mulcair.

Le chef libéral Justin Trudeau, qui faisait relâche vendredi, a aussi tardé avant de faire une première promesse électorale. Il a brisé la glace jeudi en s'engageant à investir massivement dans le système d'éducation des Premières Nations.

Thomas Mulcair n'a prévu aucune activité publique, samedi. S'il ne déroge pas du plan de la campagne conservatrice, Stephen Harper devrait aussi prendre congé. Quant à Justin Trudeau, il sera à Toronto en matinée et au Festival acadien de Caraquet en après-midi.

Dimanche, tous les chefs des principaux partis fédéraux, à l'exception de M. Harper, convergeront vers Montréal pour participer au défilé de la Fierté.