«Je suis prêt à en débattre avec Thomas Mulcair au Québec, avec Tom Mulcair, au Canada.» Gilles Duceppe a bien fait rire la centaine de jeunes réunis au Collège Montmorency, jeudi, en lançant deux fois une boutade sur le prénom de son adversaire néo-démocrate. Même si la souveraineté était au coeur de son discours, le chef bloquiste a de nouveau tapé sur le même clou : la position de Thomas Mulcair sur l'oléoduc Énergie Est.

De passage à Laval pour présenter ses quatre candidats bloquistes, Gilles Duceppe n'a pratiquement pas parlé de Justin Trudeau et de Stephen Harper. Toutes ses attaques ont eu pour cible le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Thomas Mulcair, qu'il accuse de bâillonner ses députés au Québec. «Son monde au Québec devra se taire pour ne pas perdre votes ailleurs. Ce n'est pas ça, faire de la politique de façon différente, ce n'est pas ça, être honnête envers les gens. Il faut dire honnêtement si on est pour ou on est contre. Nous, on est contre», a-t-il déclaré, cinglant, devant les jeunes de l'école d'été de l'Institut du Nouveau Monde.

Thomas Mulcair répète depuis des jours qu'il veut mettre sur pied un nouveau processus d'évaluation environnemental avant de se prononcer sur les bien-fondé de ce projet d'oléoduc qui traverserait le Canada d'ouest en est, en passant par le Québec. Mais le chef bloquiste accuse son opposant de tenir un double discours dans ce dossier pour ne pas «perdre de votes dans l'Ouest».

Le chef bloquiste souhaite l'élection d'un gouvernement minoritaire, peu importe lequel, à l'issue du scrutin, afin de détenir un pouvoir d'influence sur ce dernier. «Le NPD disait : élisez-nous, on va battre les conservateurs. Ils ont été élus et ils [les conservateurs] sont majoritaires pour la première fois. Je veux les remettre minoritaires, toute leur gang minoritaire! On va se parler franchement, en disant : c'est ça qu'on veut. Si vous voulez être au pouvoir, vous êtes aussi bien de vous asseoir et de discuter d'égal à égal», a-t-il expliqué.

La souveraineté était aussi au coeur de son allocution jeudi après-midi. Empruntant un ton pédagogue, il a consacré une bonne partie de son discours à vanter les bienfaits de ce «projet positif». Questionné sur les arguments qu'il entend utiliser pour convaincre les jeunes de se détourner du NPD, le chef bloquiste a lancé plusieurs attaques contre Thomas Mulcair. «Les jeunes, selon moi, ne sont pas tellement en faveur de la politique d'austérité des libéraux au Québec. Pourtant, Thomas Mulcair a voté pour ça. Les jeunes sont en faveur du français comme langue commune : Thomas Mulcair était l'avocat d'Alliance Québec qui a charcuté la Loi 101 à la Cour Suprême. Les jeunes sont pour l'environnement, il est pour Énergie Est. Je fais le bilan de ça, c'est un peu contradictoire avec les jeunes.»