La plupart des syndicats affiliés à la puissante Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) appuieront l'élection des troupes de Thomas Mulcair «parce que c'est le parti qui représente le plus les valeurs et les revendications [que l'organisation] met de l'avant depuis toujours», a révélé hier à La Presse le secrétaire général de la centrale syndicale, Serge Cadieux.

«Je ne connais pas un seul syndicat de la FTQ - au moment où on se parle - qui donne son appui au Bloc québécois», que l'organisation a pourtant appuyé depuis 1993, à l'exception de 2004, a ajouté le chef syndical.

La FTQ avait déjà annoncé l'an dernier que l'équipe nationale travaillerait activement à faire battre les candidats conservateurs dans une petite dizaine de circonscriptions au Québec. Pour ce faire, elle appuiera localement le candidat bloquiste, libéral ou néo-démocrate qui a le plus de chances de défaire le représentant de Stephen Harper.

«Les syndicats de la FTQ sont d'accord avec la position de la FTQ pour les neuf ou dix circonscriptions qu'on a ciblées, a affirmé Serge Cadieux en entrevue téléphonique. Pour le reste, c'est sûr que les syndicats - de façon générale - vont appuyer plus les candidats du NPD parce que c'est un programme politique qui ressemble plus à nos valeurs.»

M. Cadieux a répété cette explication à deux reprises au cours de la conversation.

L'organisation revendique le statut de plus important syndicat au Québec, avec plus d'un demi-million de membres, soit 44% de la main-d'oeuvre syndiquée au Québec. Elle a appuyé le Oui lors des deux référendums sur la souveraineté.

Une première depuis 2006

Sans renier l'appui de la FTQ à Gilles Duceppe en 2006, 2008 et 2011, son secrétaire général a expliqué que la situation a bien changé depuis la vague orange. «Il faut se rappeler qu'en 2011, il n'y a personne qui voyait les néo-démocrates être élus au Québec, à part [Thomas] Mulcair. Au déclenchement des élections, le Bloc, c'était l'alternative pour empêcher l'élection de députés conservateurs. On avait fait cette analyse-là en 2011, a-t-il expliqué. [À l'époque] on pensait que c'était le Bloc québécois, le vote stratégique le plus réaliste», notamment parce que le NPD «ne faisait pas partie de l'équation au Québec».

Depuis, «c'est sûr que les syndicats ont eu à travailler avec l'opposition officielle à Ottawa. Ces gens-là ont fait un bon travail», a ajouté M. Cadieux.

«La bataille de notre vie»

Le leader syndical n'a pas voulu s'avancer pour nommer les syndicats affiliés qui mèneraient ouvertement ou moins ouvertement campagne pour le NPD.

Les syndicats québécois membres de la FTQ mais appartenant aussi à des regroupements pancanadiens seraient particulièrement vocaux dans leur campagne en faveur de Thomas Mulcair et de ses candidats, selon nos informations.

À la section québécoise de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l'aérospatiale (AIMTA), par exemple, on appuie pour la première fois activement le NPD. «Avant ça, on suivait la position de la FTQ en conseil général», a expliqué Éric Rancourt, président du Conseil des machinistes du Québec.

«Pour reprendre le slogan du bureau canadien, "c'est la bataille de notre vie", à cause de toutes les attaques que les conservateurs font contre le mouvement ouvrier et les syndicats dans le but de les détruire.»

David Chartrand, dirigeant du syndicat mais aussi vice-président de la FTQ, a ajouté que son association «avait appuyé le Bloc à plusieurs reprises, mais cette fois-ci, [elle] appuie le NPD».

Chez les Travailleurs unis de l'alimentation et du commerce (TUAC), l'attachée de presse Roxanne Rancourt a indiqué que le syndicat québécois adhérait à la position nationale d'appui au NPD, sans toutefois sauter dans la bataille électorale à pieds joints.

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Positions de la FTQ au fédéral:

> 2011 : Bloc

> 2008 : Bloc

> 2006 : Bloc

> 2004 : Aucun appui

> 2000 : Bloc

> 1997 : Bloc

> 1993 : Bloc