Le premier arrêt de la campagne électorale du chef conservateur Stephen Harper sera au Québec. Mais si le but de l'exercice est de charmer les Québécois en prévision du 19 octobre, l'adresse choisie surprend.

C'est chez Robert Libman, ex-fondateur du Parti Égalité, ex-promoteur de la partition du Québec en cas de souveraineté, ex-porte-voix de la colère de la minorité anglophone du Québec, que la caravane de M. Harper s'arrêtera dimanche soir.

L'establishment du parti avait tenté de confier la circonscription de Mont-Royal à l'ex-journaliste Pascale Déry. Mais c'est M. Libman qui a remporté l'investiture, en avril.

À la veille du déclenchement des élections, au Parti conservateur, on tente de minimiser le choix de cette première étape.

«Le choix géographique est une question de logistique, en début de campagne. Ce n'est pas pour lancer un signal particulier au niveau du lieu», insiste Catherine Loubier, au nom du parti. Mme Loubier ajoute que la soixantaine de candidats conservateurs de la province sont tous invités à l'événement et que la plupart y seront.

Chez les libéraux, on croit au contraire que le choix de Mont-Royal est calculé. «C'est quelqu'un qui provoque des émotions, c'est sûr, (...) pro ou contre, ça dépend des points de vue», fait remarquer le député et candidat libéral Marc Garneau, en parlant de M. Libman. «M. Harper juge que ça vaut la peine de commencer sa campagne (...) avec lui. Ça envoie un message quand même assez fort», a ajouté M. Garneau au cours d'une entrevue téléphonique.

Chez l'adversaire néo-démocrate, on se moque. «On voit que les conservateurs essaient de charmer les Québécois avec leur plan B pour la circonscription de Mont-Royal, après la défaite de leur »vedette«. C'est révélateur de l'intérêt qu'ils portent envers le Québec», écrit dans un courriel Hans Marotte, candidat néo-démocrate dans Saint-Jean.

Au Bloc aussi, on souligne le passé de M. Libman au crayon rouge.

«S'il s'en va dans le comté de Libman qui était à Equality Party, ça nous donne une petite idée de sa vision du Québec», laisse tomber Gille Duceppe, joint au téléphone à Baie-Saint-Paul où il poursuit sa tournée préélectorale à vélo.

Par ailleurs, le ministre Denis Lebel refuse de commenter le coût de cette campagne électorale de 11 semaines, prétextant qu'elle n'est pas encore lancée. Lors d'un point de presse à Québec, jeudi matin, le responsable de la campagne québécoise des conservateurs a esquivé une série de questions sur le sujet.

Tout indique que c'est dimanche, à la mi-journée, que Stephen Harper se présentera chez le gouverneur général pour donner le signal de départ de cette campagne, la plus longue de l'histoire du Canada depuis que les politiciens ne font plus campagne en train.