La vague orange a frappé durement le château fort du Parti conservateur au Québec, emportant avec elle la ministre Josée Verner. Les deux bloquistes de la région de la capitale n'y ont pas résisté non plus. L'indépendant André Arthur a été balayé lui aussi.

Le «mystère Québec» s'est épaissi un peu plus hier soir. Considérée comme un terreau fertile pour la droite, la région de Québec a catapulté des néo-démocrates aux Communes.

Seuls les conservateurs de la rive sud, Steven Blainey (Lévis-Bellechasse) et, plus difficilement, Jacques Gourde (Lotbinière-Chutes-de-la-Chaudière), ont résisté à la spectaculaire poussée du NPD. Sans surprise, Maxime Bernier a remporté une victoire facile en Beauce.

Au rassemblement conservateur, la soirée fut déchirante. Certes, les quelques dizaines de militants ont explosé de joie lors de l'annonce de l'élection d'un gouvernement Harper majoritaire. Et ils applaudissaient à chacune des tuiles qui, tout au long de la soirée, se sont abattues sur le Bloc québécois. Mais ils ont encaissé difficilement la défaite de leurs favoris locaux, surtout que le PCC accédait à la majorité aux Communes.

«La région de Québec ne fera pas partie du pouvoir», s'est désolée Josée Verner dans son discours aux militants. Elle a ajouté que le PCC «a attiré un milliard d'investissements dans la région» en cinq ans «tout en diminuant les taxes et les impôts». Alléger le fardeau fiscal des contribuables, «on l'a fait. On va vous laisser gérer la suite», a-t-elle lancé avant de quitter la scène.

L'entourage de Josée Verner était pourtant confiant de l'emporter en début de soirée. La lutte fut toutefois serrée. La néo-démocrate Alexandrine Latendresse, 26 ans, diplômée en études russes de l'Université Laval, l'a finalement emportée (40% contre 37,6%). Mme Verner avait pourtant obtenu des majorités très confortables en 2006 et en 2008.

Tout près du rassemblement du PCC, dans Beauport-Limoilou, le néo-démocrate Raymond Côté, fonctionnaire à Services Québec, a battu la conservatrice Sylvie Boucher avec un peu plus de 47% des voix.

Dans Charlesbourg-Haute-Saint-Charles, le conservateur Daniel Petit s'est incliné face à l'autre candidature solide du NPD dans la région, Anne-Marie Day, une «ministrable» selon Jack Layton. Elle dirige un organisme communautaire, le Centre Étape, qui offre des services d'aide en emploi aux femmes.

André Arthur mord la poussière

Élu depuis 2006 dans Portneuf-Jacques-Cartier, André Arthur a mordu la poussière contre la néo-démocrate Élaine Michaud, étudiante à la maîtrise à l'ENAP âgée de 25 ans. Le bloquiste Richard Côté, qui avait perdu par un peu plus de 600 voix, a tenté en vain de prendre sa revanche, terminant au troisième rang. Les nombreuses absences d'André Arthur aux Communes avaient beaucoup fait jaser durant la campagne.

La fin pour Christiane Gagnon

La bloquiste Christiane Gagnon, indélogeable depuis presque 20 ans dans Québec, a perdu son siège. La défaite n'est pas banale: c'était la seule représentante du Bloc québécois de la région à avoir résisté à la percée conservatrice de 2006. Hier, la menace est venue de la gauche alors que la néo-démocrate Annick Papillon est parvenue à la déloger. Cette bachelière en communication, en droit et en histoire travaille à l'Institut de la statistique du Québec.

Pascal-Pierre Paillé, du Bloc québécois, avait arraché Louis-Hébert au PCC en 2008. Le NPD lui a joué le même tour. Son candidat Denis Blanchette, analyste en informatique pour le gouvernement du Québec, l'a emporté avec plus de 8000 voix de majorité (40% contre 23% pour M. Paillé. Le conservateur Pierre-Paul Hus a fini troisième (22%). Le Parti libéral présentait dans Louis-Hébert son candidat le plus connu, Jean Beaupré, mais il n,a récolté que 13%. Aucun porte-couleur du PLC n'a été élu dans la région de Québec. La dernière victoire libérale remonte à 2004 - Claude Drouin en Beauce.