Au Canada, c'est plus qu'une vaguelette. Et au Québec, c'est un véritable raz-de-marée. Le Nouveau Parti démocratique forme l'opposition officielle. Et plus de la moitié de ses sièges viennent du Québec.

«Le printemps est arrivé et un nouveau chapitre commence», a lancé Jack Layton devant plus de 3000 militants enthousiastes. Il s'est engagé à défendre ses engagements avec «humilité et fidélité», particulièrement pour le Québec.»

Au Convention Centre de Toronto hier soir, on aurait cru que les perdants étaient les gagnants. Les militants célébraient en effet les meilleurs résultats de l'histoire du parti. Au moment de mettre sous presse, le NPD doublait son précédent record, soit 43 sièges en 1988. Et c'est grâce au Québec.

En 50 ans d'existence, le NPD n'avait jamais réussi à faire élire plus d'un député au Québec. Il en a fait élire 60 hier soir.

Accélération de l'Histoire

Dans son argumentaire souverainiste, Gilles Duceppe a souvent parlé de «l'accélération de l'Histoire». Il ne se doutait pas qu'elle se manifesterait en une vague orange. Elle laisse le Bloc gigotant sur la rive, les branchies ouvertes.

En 2004, le NPD récoltait 4,6% des votes au Québec. En 2006, 7,5%. En 2008, 12,2%. Puis cette année, 43%. Parmi les élus au Québec: la poignée de candidats-vedette comme Thomas Mulcair (Outremont), Françoise Boivin (Gatineau), Nycole Turmel (Hull-Aylmer), Romeo Saganash (Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou) et Tyrone Benskin (Jeanne-Le Ber).

Mais les Québécois se familiarisent aussi ce matin avec plusieurs relatifs inconnus qui ont surfé sur la vague. Parmi eux: de jeunes étudiants comme Pierre-Luc Dusseault (Sherbrooke) et Alexandrine Latendresse (Louis-Saint-Laurent) ou encore Ruth-Ellen Brosseau (Berthier-Maskinongé). Mme Brosseau, une barmaid unilingue anglophone, travaille à quelque 300 kilomètres de sa circonscription et qui a pris des vacances à Las Vegas en pleine campagne électorale.

À eux seuls, les nouveaux députés néo-démocrates du Québec récoltent plus de sièges que les libéraux ou les bloquistes mis ensemble.

Jack Layton a provoqué un des plus importants réalignements des dernières décennies de la politique fédérale au Québec. Après le balayage des conservateurs de Mulroney en 1984 et celui des premiers bloquistes de 1993, les néo-démocrates ont conquis le Québec.

Jack Layton semble avoir gagné son pari. Durant la campagne, le chef du NPD s'est dit ouvert à des réformes constitutionnelles. Il s'est toutefois empressé de dire qu'il ne rouvrirait pas la Constitution bientôt, et n'a jamais précisé quand ni comment il le ferait. Cela restait toutefois la plus grande ouverture manifestée par un parti fédéraliste. Et les Québécois ont sauté dans le train.

Le seul autre gain significatif du NPD est venu de l'Ontario avec 22 sièges. La progression y a été constante. Le nombre de députés néo-démocrates y est passé de 7 à 12 puis à 17 lors des trois précédentes élections.

Même si le NPD double ses sièges, comme les conservateurs sont maintenant majoritaires, les néo-démocrates ne pourront plus demander de concessions en menaçant de faire tomber le gouvernement.