Au terme de cette campagne électorale «différente», Gilles Duceppe a l'intention de faire mentir les sondages prévoyant une vague néo-démocrate au Québec.

Présenté à ses militants de Laurier-Sainte-Marie par son directeur de sa campagne Jean-Luc Thibault comme celui qui va «faire mentir les sondages», Gilles Duceppe reste optimisme sur les chances de son parti d'obtenir la majorité des 75 sièges au Québec demain soir. Le Bloc n'a jamais gagné moins de 38 sièges lors d'une élection générale.

«J'ai déjà connu des campagnes difficiles. Celle-ci est différente certes, on ne peut pas le cacher. L'alignement des forces est différent que ce qu'on a vu dans le passé», dit Gilles Duceppe, qui, fidèle à son habitude, n'a pas voulu commenter les sondages donnant jusqu'à 19% d'avance au NPD au Québec (45% contre 26% selon le sondage de Angus-Reid-La Presse de samedi).

La vague néo-démocrate dans les sondages pourrait menacer plusieurs forteresses bloquistes, dont celle du chef dans Laurier-Sainte-Marie. Aux dernières élections en 2008, Gilles Duceppe a obtenu une majorité de 15 305 voix (50% du vote) dans l'un des comtés les plus progressistes au Québec, qu'il représente depuis 1990. Son comté comprend notamment le Plateau Mont-Royal. «J'ai toujours été nerveux (pour l'élection dans son comté), dit Gilles Duceppe. Je suis fait comme ça, vous pouvez demander à ma femme Yolande. Ça a toujours été ma ligne de conduite de ne rien tenir pour acquis. Sinon, c'est un mépris des citoyens. Sinon, vous leur dites: "peu importe ce que je fais, vous allez voter pour moi". Ce n'est pas comme ça que je suis dans la vie et en politique. ...»

Au plan national, Gilles Duceppe regrette que les autres chefs de parti n'aient pas voulu débattre avec lui d'enjeux comme la garantie de prêt au projet hydroélectrique du Bas-Churchill à Terre-Neuve, l'application de la loi 101 dans les domaines de compétence fédérale et la réforme d'assurance-emploi.

«À la dernière élection, les débats ont porté sur des points de vue très différents sur le Québec avec les gens avec qui on débattait, dit Gilles Duceppe. Cette fois-ci, il y a eu des refus de répondre. Je déplore le fait que les autres n'ont pas voulu débattre des principaux enjeux. Je suis content d'une chose: j'ai dit ce que j'ai pensé et j'ai pensé ce que j'ai dit. Je n'ai pas fait semblant, je n'ai pas dit des choses contradictoires, j'ai rencontré des candidats en chair et en os, j'ai pris des bains de foule.»

Encore une fois, le chef bloquiste a souligné la qualité de son équipe de candidats et s'est insurgé contre les candidats du NPD qui ont pris des vacances durant la campagne (Ruth-Ellen Brosseau dans Berthier-Maskinongé à Las Vegas et Isabelle Maguire dans Richmond-Arthabaska à Paris) ou qui ne parlent pas un français suffisamment bon pour participer à un débat (Ruth-Ellen Brosseau dans Berthier-Maskinongé et Tyrone Benskin dans Jeanne-Le-Ber).

«Avoir des candidats qui ne sont pas là et qui ne parlent pas notre langue, c'est la première fois que je vois ça, dit Gilles Duceppe. C'est méprisant. La question de la langue, c'est ce que nous sommes. Ce n'est pas banal. On a eu la loi 101 parce qu'on ne pouvait pas se faire servir en français au centre-ville de Montréal. Là, on est rendu avec des candidats qui ne parlent pas un mot de français dans des comtés du Québec où il n'y a même pas 1% d'anglophones. Ça n'a pas de sens.»

Gilles Duceppe termine sa campagne, sa sixième comme chef du Bloc québécois, aujourd'hui dans la région de Montréal. L'ancien conseiller syndicat participe cet après-midi à Montréal à la marche pour la Fête internationale des Travailleuses et des Travailleurs.