Alors qu'il spécule depuis cinq semaines sur les intentions de ses adversaires de former une coalition au lendemain des élections si les conservateurs n'obtiennent qu'une minorité de sièges, Stephen Harper refuse de dire s'il va reconnaître ce gouvernement d'alliance ou s'il entend se battre pour demeurer au pouvoir coûte que coûte.

«Je ne vais pas spéculer», a-t-il martelé, interrogé à savoir s'il accepterait la décision du gouverneur général de demander aux partis de l'opposition de former un gouvernement advenant que le chef conservateur perde la confiance de la chambre.

Placé devant sa propre contradiction, Stephen Harper n'a pas bronché, refusant de répondre.

Dans un deuxième incident de la sorte en huit jours, les partisans conservateurs, constamment présents aux points de presse, ont hué les journalistes qui ont insisté pour avoir une réponse.

L'un d'entre eux a même lancé: «Fermons la CBC», à l'intention du correspondant parlementaire de la société d'État, Terry Milewski, qui posait la question.

Selon la convention constitutionnelle, au Canada, si le chef d'un gouvernement minoritaire échoue à obtenir la confiance de la chambre, le gouverneur général peut, plutôt que de relancer le pays en élections, demander à un ou plus d'un parti de l'opposition de tenter de former un gouvernement.

M. Harper martèle depuis le premier jour de cette campagne que les partis de l'opposition formeront une coalition pour tenter de le remplacer. Il estime que ces derniers ne lui laisseront tout simplement pas la chance d'essayer de gouverner.

Or, en 2008, moins de deux mois après les élections générales du 14 octobre, M. Harper, minoritaire, avait prorogé le Parlement, pour éviter de se faire renverser. Les libéraux de Stéphane Dion s'étaient alliés avec le NPD de Jack Layton, et proposaient, avec l'appui du Bloc québécois de Gilles Duceppe, de remplacer le gouvernement Harper. L'ensemble de l'opposition jugeait inacceptable et irresponsable la mise à jour économique présentée après le scrutin par le ministre des Finances, Jim Flaherty, parce qu'elle ne contenait pas de plan pour faire face au ralentissement économique.