Michael Ignatieff a pressé les électeurs de jeter un coup d'oeil très attentif à la plateforme et aux candidats du NPD, lors du coup d'envoi d'une ultime tournée québécoise de deux jours.

Dans la province où la «vague orange» a pris naissance, il y a quelques jours à peine, c'est la dernière chance pour les libéraux de renverser la tendance et de rallier derrière eux le vote tant fédéraliste que progressiste.

Durant un discours à Québec, jeudi matin, le chef libéral a pourfendu la candidate du NPD dans Berthier - Maskinongé, Ruth-Ellen Brosseau, qui est en vacances à Las Vegas, ne parle pas français et travaille dans un pub étudiant d'Ottawa au lieu de faire campagne. «Ce n'est pas sérieux. C'est une élection fédérale. Vous devez être là. Vous devez vous présenter. Et si vous êtes un candidat du Québec, vous devez parler les deux langues», a insisté M. Ignatieff.

Il a expliqué par la suite qu'il ne s'attendait pas nécessairement à ce que tous les candidats de tous les partis soient parfaitement bilingues.

D'ailleurs, plusieurs députés sortants dans le reste du Canada ne parlent pas français. «J'ai beaucoup de respect pour les compétences linguistiques des gens qui ne sont pas à l'aise en anglais ou en français. Mais je dis ce que je cherche chez mes candidats, c'est une compréhension des deux langues officielles», a-t-il précisé.

Sous le microscope

M. Ignatieff a par ailleurs invité les Canadiens et les Québécois à passer la plateforme du NPD à la loupe au cours des quelques jours qu'il reste avant le 2 mai.

«Plaçons le microscope sur sa plateforme, a-t-il insisté. Si vous considérez ce gars-là sérieusement, prenez-le au sérieux! Et jetez un coup d'oeil! Ça ne tient pas la route!»

Selon lui, le NPD n'a aucun plan sérieux pour rétablir l'équilibre budgétaire et «72 milliards de dollars en nouvelles dépenses sur 4 ans» l'obligerait à hausser les taxes et les impôts des Canadiens.

Mais malgré les sondages qui laissent deviner une vague néo-démocrate sans précédent dans les intentions de vote, le chef libéral a répété qu'il est impossible que les troupes de Jack Layton forment le gouvernement. «Ajoutons une petite dose de réalité, ici: ça n'arrivera pas le 2 mai. Les Canadiens vont choisir une alternative responsable au gouvernement de Stephen Harper. Ils ne vont pas choisir quelqu'un qui ne se donne même pas la peine de se présenter aux élections!»

Il a à nouveau décrit la position constitutionnelle de Jack Layton comme étant irresponsable. «Je ne veux pas ramener le Canada dans ce débat constitutionnel», a dit clairement le chef libéral. Mais selon lui, Jack Layton parle des deux côtés de la bouche dans ce dossier et ses propos sont carrément irréalistes.

«Il fait de gentilles promesses, mais il soulève des espoirs au Québec qui ne sont absolument pas livrables à mon avis», a-t-il dit.



Liens entre le PLC et le Québec

Lors d'un point de presse après son discours, M. Ignatieff a rappelé les liens historiques entre son parti et le Québec.

«Je suis l'humble héritier d'une tradition politique qui remonte à Laurier, a-t-il fait valoir. Ce fier Québécois qui était à la fois fier d'être Québécois et fier d'être Canadien; qui a rassemblé le pays durant son mandat; qui a créé les instincts politiques de ma formation politique.»

«Pour moi, a-t-il ajouté, c'est inconcevable d'avoir un Canada, inconcevable d'avoir un Parti libéral du Canada sans la participation active des Québécois.»

Avant le scandale des commandites, il y a maintenant près de 10 ans, le Parti libéral remportait traditionnellement plusieurs circonscriptions au Québec. Il n'en détenait plus que 14 au moment de déclencher les élections. Par ailleurs, s'il remporte une majorité, le Parti conservateur sera le premier gouvernement majoritaire de l'histoire canadienne à être représenté par moins d'une vingtaine de députés québécois - si on fait abstraction du gouvernement de l'Union, en 1917.

Québec-Montréal-Val-d'Or

M. Ignatieff était dans la circonscription de Louis-Hébert, dans la Vieille Capitale, que son parti a perdu aux mains des conservateurs en 2006. C'était la dernière fois que les libéraux ont eu des sièges dans la région.

Louis-Hébert était jusqu'aux élections représentée par le jeune député bloquiste Pascal-Pierre Paillé.

Le chef libéral sera à Montréal jeudi après-midi, où il visitera deux circonscriptions: Ahuntsic et Laval-les-Iles. Ils tentent de ravir la première au Bloc québécois et de conserver la seconde. Il sera enfin à Val-d'Or vendredi matin.

Sa visite coïncide avec le lancement d'une nouvelle publicité francophone au style minimaliste et qui invite les électeurs qui souhaitent renverser Stephen Harper à voter libéral.