Le ministère de la Défense du Canada dit avoir été informé que le coût unitaire des chasseurs furtifs F-35 sera supérieur au montant de 75 millions $ qu'il avait initialement prévu, mais les autorités militaires ont donné l'assurance, tard lundi, qu'elles pouvaient toujours livrer le projet à l'intérieur des prévisions budgétaires.

Dans un récent rapport livré au Congrès américain, le Pentagone a dévoilé une longue liste de hausses de coûts associés au projet de développement du chasseur-bombardier de conception avancée, évalué à 382 milliards $ US.

«Le Canada n'est pas le destinataire du rapport, mais à titre de partenaire international au sein du projet Joint Strike Fighter (JSF), nous avons été informés qu'il prévoyait une augmentation des coûts de productions pour le projet JSF», est-il mentionné dans une déclaration écrite acheminée à La Presse Canadienne.

«Lorsque nous aurons eu l'occasion de consulter les détails du rapport, nous serons en mesure d'évaluer les répercussions sur les coûts canadiens de production de l'appareil.»

La déclaration a minimisé la hausse imminente des coûts, affirmant «qu'une variation des coûts est envisagée dans chaque programme», et que les fonctionnaires du ministère de la Défense avaient prévu une hausse possible des coûts dans le coût d'achat, estimé à 9 milliards $.

Pendant des semaines, le gouvernement Harper a insisté sur le fait qu'il verserait environ 75 millions $ pour chacun des chasseurs furtifs F-35, et catégoriquement rejeté les critiques du directeur parlementaire du budget, qui a estimé, en mars, que le coût d'achat unitaire s'élèverait plutôt à 148 millions $ chacun.

Inquiétés par cette ambiguïté, les responsables du Parti libéral ont promis d'annuler la transaction.

La confirmation du changement de prix survient au moment où un autre rapport américain laissait sous-entendre que le coût d'opération des avions pourrait dépasser, par des milliards de dollars, les estimations d'origine.

Un groupe d'analyse du Pentagone évalue le coût d'entretien de la flotte américaine de 2443 avions à 915 milliards $ US en 30 ans.

Le document, dont le bureau de Washington de l'agence Bloomberg a obtenu copie, prévoit des frais d'entretien de près de 375 millions $ US par avion en trois décennies.

Pour Alan Williams, un ancien haut responsable de la défense canadienne, les coûts seraient comparables pour les 65 appareils que le gouvernement conservateur envisage d'acheter à partir de 2017.

Si l'on s'appuie sur les données du Pentagone, les 65 avions coûteraient plus de 24 milliards $ à entretenir pendant 30 ans, soit bien plus que les estimations gouvernementales.

Le groupe d'analyse des coûts travaille directement pour le secrétaire américain de la Défense et remet en question les chiffres et prédictions des bureaux du projet, au Pentagone.

Le groupe a basé ses projections sur les coûts d'exploitation de la flotte actuelle d'avions F-18, F-16 et d'avions à décollage vertical Harrier utilisés par le Corps des marines.

Au Canada, l'essentiel du débat sur ce nouvel avion sophistiqué a entouré le prix d'achat exorbitant, qui pourrait varier entre 75 et 151 millions $ pièce, selon l'analyse.

Les coûts d'entretien ont cependant reçu beaucoup moins d'attention, bien que les conservateurs ne les aient estimés qu'à 7 milliards $ sur 20 ans.

Le directeur parlementaire du budget avait, dans un rapport publié tout juste avant la chute du gouvernement Harper, estimé les frais de maintenance et d'entretien des avions à 19,5 milliards $ sur 30 ans, soit environ 301 millions $ par chasseur.

Kevin Page s'est attiré le courroux des conservateurs, en  mars, pour avoir laissé entendre que le programme total pourrait coûter 29,3 milliards $ aux contribuables, mais si les nouvelles estimations du Pentagone s'avéraient vraies, le prix pourrait être encore plus élevé.