Même s'il a été accusé de mépriser la démocratie, reconnu coupable d'outrage au Parlement, et que son parti ne cesse d'attaquer ses adversaires, à grands coups de publicités négatives, depuis des années, Stephen Harper refuse de prendre une part du blâme pour l'ambiance acrimonieuse au parlement et le désenchantement de la population.



Accusant ses adversaires de multiplier les «jeux politiques», il a dit espérer, lundi, obtenir un gouvernement majoritaire pour se concentrer «sur les vraies priorités des Canadiens», rejetant toute responsabilité sur les autres.

«Nous avons cette élection parce que l'opposition a décidé de se concentrer sur les mauvaises priorités, a dit M. Harper. Nous espérons qu'un Parlement majoritaire pourra se concentrer sur les vraies priorités, au lieu des jeux politiques, des attaques, et d'une autre élection.»

Un sondage de la firme Angus Reid, mené pendant cette campagne, constate un désenchantement immense des Canadiens à l'égard de leurs élus. Quelque 62% des personnes sondées estiment même que la démocratie canadienne est en crise.

Interrogé sur cette question cruciale, lundi, le chef conservateur n'a pas décroché de son discours hautement partisan: un autre gouvernement minoritaire, croit-il, mènera à davantage de «jeux politiques».

Confiant de remporter la victoire le lundi 2 mai, il a clamé que le gouvernement «serait de retour au travail, mardi», bien qu'il concède que le Parlement ne siègera pas avant quelques semaines.

De passage à Sault-Sainte-Marie, en Ontario, M. Harper a dénigré le travail des députés de l'opposition qui, selon lui, «ne font que voter contre tout».

Dans un bâtiment tout neuf, construit avec les Fonds fédéraux pour l'infrastructure, dans une circonscription détenue par le néo-démocrate Tony Martin, Stephen Harper a insisté sur l'importance d'avoir des députés conservateurs à la Chambre des communes pour bien représenter les besoins de la région.

«Il y a plusieurs régions de ce pays qui n'ont pas eu de représentants au gouvernement depuis un bout de temps, a lancé le chef conservateur. N'est-ce pas honteux d'avoir besoin de Tony Clement, de Muskoka, ou Greg Rickford, de Kenora, pour venir identifier les priorités ici, à Sault-Sainte-Marie? Il y a de gros enjeux économiques dans le nord de l'Ontario, la population n'a pas besoin de députés qui n'ont qu'une vision simpliste de s'opposer à tout.»

Poursuivant sa tournée des circonscriptions néo-démocrates qu'il pense pouvoir ravir aux troupes de Jack Layton, dont les intentions de vote ne font que progresser, M. Harper s'est arrêté à Windsor, pour un rassemblement partisan en après-midi. En 2008, le néo-démocrate Brian Masse avait remporté la circonscription de Windsor-West avec plus de 52% du vote populaire. Dans la circonscription voisine de Windsor-Tecumseh, le critique du NPD en matière de justice, Joe Comartin, a lui aussi obtenu une majorité écrasante, avec 11 000 voix d'avance sur son plus proche adversaire.

En matinée, le chef conservateur a promis de maintenir un processus de consultation ouvert et transparent dans les nominations des juges, même s'il obtient une majorité de sièges. Il a aussi indiqué qu'il pousserait sa réforme du Sénat, jusqu'en Cour suprême «si nécessaire», et qu'il ferait adopter tous ses projets de loi en matière de justice criminelle dans les 100 premiers jours de son gouvernement.