Alors qu'ils avaient concentré leurs attaques vers Michael Ignatieff et Gilles Duceppe au Québec, les conservateurs de Stephen Harper ont une nouvelle cible: Jack Layton et le NPD, qui ne cessent de grimper dans les sondages.

Jeudi, un coup de sonde CROP-La Presse plaçait le NPD premier au Québec. Il devançait pour la première fois le Bloc québécois et les deux autres partis fédéralistes. D'autres sondages, le même jour, confirmaient la montée du parti de Jack Layton, certains plaçant le NPD au deuxième rang au Canada, devant les libéraux.

Interrogé sur la question de cette progression vertigineuse du NPD, le chef conservateur avait refusé de commenter, jeudi, préférant réitérer qu'il offrait aux Canadiens le choix d'un gouvernement stable, majoritaire, conservateur.

Or, vendredi, les conservateurs ont lancé une nouvelle publicité attaquant directement M. Layton, le dépeignant comme un leader assoiffé d'ambition, prêt à faire une coalition avec le Bloc québécois pour gouverner à tout prix.

La publicité, en anglais, met l'accent sur la «mainmise» qu'aurait eue Gilles Duceppe sur un éventuel gouvernement de coalition.

Le message vidéo est fait sur le même format que les précédentes publicités conservatrices attaquant Michael Ignatieff et «ses amis de la coalition», c'est-à-dire avec des extraits de journaux, discours ou livres.

Rapidement, le NPD a relevé au moins deux erreurs de faits dans le message, réclamant que les conservateurs «retirent des ondes (leurs) publicités bourrées de faussetés».

La semaine dernière, les conservateurs avaient réussi à faire modifier une publicité libérale, parce qu'elle attribuait à Stephen Harper une déclaration contre le système de santé publique qui n'était pas de lui.

Sprint final

À 10 jours du vote, les conservateurs entament aujourd'hui le sprint final de cette campagne électorale, en s'arrêtant en Ontario et en Colombie-Britannique.

Les troupes de Stephen Harper concentreront leurs efforts dans les régions où ils pensent être en mesure de faire des gains. La banlieue de Toronto, où les conservateurs ont fait une percée récemment, la Colombie-Britannique et le Québec seront ciblés dans les prochains jours.

La tournée a fait relâche vendredi, après deux jours marqués par la controverse.

Le chef conservateur a d'abord dû défendre la position de son gouvernement sur l'avortement, après qu'un de ses candidats, et député sortant, Brad Trost, eut affirmé que le lobby pro-vie avait joué un rôle dans la décision du gouvernement de retirer le financement à Planned Parenthood, organisme de planification des naissances favorable au libre choix. Les conservateurs ont tenté par tous les moyens de limiter les dégâts, affirmant qu'aucune décision n'avait été prise dans le dossier de cet organisme, mais le même jour, M. Trost réitérait ses propos.

Un autre candidat embarrassant est revenu hanter les conservateurs, après que le ministre de l'Environnement, Peter Kent, eut affirmé que le parti de Stephen Harper conservateur n'aurait jamais dû permettre à Gavan Paranchothy d'être candidat. Ce dernier a animé l'automne dernier une émission télévisée rendant hommage aux Tigres tamouls, une organisation ajoutée à la liste des entités terroristes en 2006.

M. Harper a aussi dû se porter à la défense de son directeur des communications, Dimitri Soudas, dans le dossier du Port de Montréal.