Michael Ignatieff affirme qu'il ne votera pas automatiquement contre le premier budget d'un gouvernement Harper réélu. Cible des attaques du Parti conservateur, le chef libéral a été forcé de clarifier ses propos de la veille, hier.

En entrevue à CBC, mardi, il a indiqué qu'il pourrait être disposé à remplacer un gouvernement Harper minoritaire, dans l'hypothèse où ce dernier perdait la confiance de la Chambre peu de temps après le 2 mai.

Le Parti conservateur a sauté sur l'occasion pour accuser les libéraux de vouloir prendre le pouvoir de manière illégitime. Les troupes de Stephen Harper promettent depuis le début de la campagne de présenter le même budget s'ils sont réélus, même si tous les partis de l'opposition se sont prononcés contre avant le déclenchement des élections. Ils ont vu dans les propos de Michael Ignatieff la preuve d'une stratégie concertée du Bloc québécois, du Parti libéral et du NPD, pour faire tomber leur gouvernement à la première occasion. «Non! Non! Non et je le répète: non!» s'est exclamé M. Ignatieff, hier, lorsqu'il a été questionné sur cette possibilité de former une coalition, formelle ou non, avec les autres partis.

Revenant sur ses propos de la veille, il a expliqué: «Ce sont les règles du système constitutionnel de notre pays. Je les respecte et j'assume et j'espère que M. Harper et les autres partis feront la même chose.»

Quant au vote sur le budget, ses homologues et lui avaient laissé entendre en début de campagne qu'ils voteraient contre, si les conservateurs présentaient de nouveau le budget qu'ils ont déjà rejeté. Or, l'entourage de M. Ignatieff a fait valoir hier que les conservateurs s'étaient depuis engagés à rembourser 2,2 milliards de dollars au Québec pour l'harmonisation des taxes de vente. «Nécessairement, ce ne sera plus le même budget», a conclu l'une de ses proches collaboratrices.

«Il va présenter le budget et on va le lire avant de décider. C'est dans l'intérêt national», a quant à lui promis Michael Ignatieff.

Le trac pour Tout le monde en parle

Le chef libéral a tenté de parler d'un autre sujet, tôt dans la journée d'hier, en envoyant une lettre ouverte à Stephen Harper sur la santé. Reprenant plusieurs déclarations faites par Stephen Harper dans le passé, il lui a demandé de clarifier ses intentions quant au maintien du système public et universel, lui posant trois questions précises.

Il tentera encore une fois de passer à autre chose, lors de l'enregistrement de Tout le monde en parle, à Montréal aujourd'hui. La diffusion de l'émission s'inscrira dans une offensive plus large, dimanche pour les libéraux: ils diffuseront dans le Canada anglais l'enregistrement d'une assemblée à micro ouvert d'une demi-heure sur les ondes de Global et CityTV.

«Ça sera ma troisième apparition», a souligné M. Ignatieff en parlant de Tout le monde en parle. Il a décrit l'émission comme dépassant les frontières du Québec, au point d'être presque une «religion» pour des francophones hors Québec.

«J'ai un peu le trac, il faut le dire! a-t-il admis. C'est une épreuve! Mais je suis tout à fait prêt à me défendre et à dire aux Canadiens que, s'ils veulent se débarrasser de M. Harper, c'est votre humble serviteur qui est l'alternative.»