Un mouvement étudiant qui balaie les universités canadiennes a gagné Montréal, hier midi, lorsque des dizaines de personnes ont pris part à une manifestation éclair à Concordia pour encourager les jeunes à voter.

Lancé par des étudiants de l'Université de Guelph, en Ontario, le concept du vote mob (ou foule de vote) a gagné des centaines d'adeptes dans les campus du Canada anglais. Ces minimanifestations non partisanes se sont multipliées dans les dernières semaines, après que le populaire animateur humoristique Rick Mercer eut mis les jeunes au défi de prendre leur place dans la campagne.

Moins de 59% des Canadiens ont voté aux élections fédérales de 2008, un creux historique. Et le taux d'abstention a été beaucoup plus élevé chez les jeunes, souligne Sophie Monkman, l'organisatrice du rassemblement d'hier. Il ne faut donc pas s'étonner, dit-elle, si les politiciens ont tendance à chouchouter l'électorat plus âgé.

«Nous voulons montrer aux leaders politiques que nous sommes engagés, informés, que nous faisons partie de cette démocratie, nous aussi, a-t-elle résumé. Et nous voulons que les enjeux qui nous préoccupent soient discutés au Parlement.»

Une centaine d'étudiants de Concordia ont donc fait fi de leur fin de trimestre pour se rassembler sur la terrasse du pavillon Hall, rue MacKay. Environnement, financement des arts, droits des autochtones, chaque participant s'est muni d'un carton sur lequel il avait écrit un enjeu qui lui est cher.

Qu'est-ce qui vous déçoit de la campagne jusqu'ici? «L'exclusion d'Elizabeth May des débats, tranche Kali Malinka, étudiante en histoire de l'art. Pour moi, c'est une grande claque pour la démocratie.»

Adrien Severyns, lui, avait peint «énergie renouvelable» sur sa pancarte. «Pour moi, c'est l'énergie du futur et personne n'en parle», a dénoncé cet étudiant en sciences politiques.

Le vote mob n'est pas tant une contestation des élus qu'une affirmation des jeunes, estime Jamie Biggar, diplômé de l'Université de Victoria dont l'organisme Lead Now fait la promotion de ces rassemblements. Jusqu'ici, les étudiants de 35 universités canadiennes ont emboîté le pas au mouvement, dont ceux de McGill. Aucun rassemblement du genre n'est prévu dans les campus francophones.

«Que ce soit l'environnement, l'éducation, l'insécurité à laquelle plusieurs jeunes sont confrontés dans cette nouvelle économie, on n'entend pas les partis accorder de l'importance à ces dossiers, a dit Jamie Biggar. Ces enjeux n'ont pas fait partie intégrante du dialogue jusqu'ici.»