Heureuse coïncidence, Jack Layton était à Québec, hier, la journée même où de nouveaux sondages le plaçaient deuxième dans les intentions de vote dans la province. M. Layton est également le chef le plus populaire au Québec devant M. Duceppe.

Il a profité de son passage pour capitaliser sur les résultats des sondages. «Les gens ont un choix maintenant», a-t-il martelé dans un restaurant du quartier Saint-Roch, devant une foule d'une centaine de partisans assez jeunes.

Étant donné le mode de scrutin uninominal à un tour, le NPD ne récolterait toutefois que deux sièges au Québec, selon les plus récentes projections. Le chef du NPD nie qu'il divisera le vote au profit des conservateurs et rejette les appels au «vote utile» de M. Duceppe (voir autre texte). «Ça, c'est l'arrogance des vieux partis», dénonce-t-il.

Depuis le vote de confiance de 93% accordé samedi à Pauline Marois, les conservateurs utilisent la menace séparatiste comme argument pour demander un gouvernement majoritaire. Ce serait, selon eux, la meilleure façon de protéger l'unité nationale. De son côté, Gilles Duceppe claironne que tout devient maintenant possible pour les souverainistes.

M. Layton accuse ses rivaux de «diviser» les électeurs pour consolider leurs appuis auprès de leurs militants. «Je suis découragé de voir depuis la dernière journée que certains essaient d'allumer des feux», a-t-il déclaré après une rencontre avec le maire de Québec, Régis Labeaume.

M. Layton veut se positionner comme un rassembleur. Il a répété son plan de «conditions gagnantes» pour que le fédéralisme «fonctionne», sans donner d'échéancier ni préciser quelles concessions il pourrait faire pour que Québec réintègre le giron constitutionnel.

Le chef a accordé, hier, une interview à la radio CHOI, généralement hostile au Bloc. Les animateurs ont soutenu que, pour un électeur progressiste, voter NPD serait plus conséquent que de voter Bloc. Ce serait plus «sur la coche», a-t-on précisé.

M. Layton s'est ensuite rendu à Val-d'Or pour appuyer son candidat vedette, Roméo Saganash. Ce fondateur du Conseil des jeunes de la nation crie y affronte le député bloquiste Yvon Lévesque. Ce dernier a tenu des propos controversés sur les autochtones, au sujet desquels Gilles Duceppe a dû présenter ses excuses à plusieurs reprises durant le débat des chefs.

M. Layton a par ailleurs refusé d'accorder un sursis aux chantiers Davie, à Lévis. La société est sous la protection de ses créanciers. Elle demande qu'on change les critères de solvabilité de l'appel d'offres pour pouvoir soumissionner à un contrat de 35 milliards sur 30 ans. Le Bloc et le Parti libéral y sont favorables, tandis que le NPD et les conservateurs s'y opposent pour des raisons d'équité.