Jack Layton a profité de son passage à Terre-Neuve aujourd'hui pour en promettre encore plus au projet du Bas-Churchill. En plus de donner son appui à une garantie de prêt de 4,2 milliards, il propose de contribuer aussi 375 millions en argent.

«Ces investissements vont générer des milliers d'emplois», a-t-il lancé devant près de 500 militants dans un hôtel de St. John's.

Il ajoute que ce projet «extrêmement important» permettra à la province de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, de fermer la centrale thermique Holyrood et de porter à 98% (d'ici 2017) la proportion d'énergies renouvelables dans son portefeuille énergétique.

Au début de la campagne, les conservateurs ont promis une garantie de prêt pour 4,2 des 6,2 milliards du projet de câbles sous-marins de Terre-Neuve. Ces câbles achemineront l'électricité de l'autre côté du Golfe. Cela permettra de l'exporter dans les provinces maritimes et aux États-Unis.

Les libéraux et les néo-démocrates ont ensuite donné leur appui au projet. Le Bloc s'y oppose farouchement.

À Québec, l'Assemblée nationale l'a aussi condamné. Le gouvernement Charest parle de «concurrence déloyale» envers Hydro-Québec, qui n'a jamais reçu d'argent du fédéral pour transporter son électricité.

Le NPD détient un des sept sièges de Terre-Neuve-et-Labrador. Les six autres appartiennent aux libéraux. Le Parti conservateur fédéral avait été complètement balayé de l'île en 2008 à la suite du mouvement de contestation (Anything But Conservative) lancé par le premier ministre conservateur de la province, Danny Williams.

M. Williams a quitté son poste cet hiver. Sa remplaçante, la conservatrice Kathy Durderdale, reste neutre, mais accepte d'être photographiée avec le parti de Stephen Harper.

La garantie de prêt, qui n'apparaissait pas dans le budget, mais qui a plutôt été annoncée en pleine campagne électorale, s'inscrit dans la nouvelle offensive de M. Harper pour reconquérir la région.

Jack Layton a renchéri aujourd'hui en ajoutant une promesse de 375 millions.

Aux dernières élections, son parti avait récolté près de 30% des votes dans la province. Il pense que le NPD ne perdra pas d'appuis. «Les gens ont la mémoire longue, ils se souviennent que Stephen Harper a tourné son dos à Terre-Neuve-et-Labrador», a-t-il affirmé.

M. Layton espère que son appui ne lui fera pas perdre de votes au Québec. Il mise sur sa promesse de créer un programme national d'infrastructures pour financer des programmes d'énergies vertes.

«Je pense que les Québécois et les autres Canadiens jugeront cela raisonnable», a-t-il répondu.

Quels projets pourraient être financés au Québec ? Pressé de questions, M. Layton a donné un exemple : un train haute-vitesse qui relierait Québec à Windsor. Il n'a pas donné de détails sur l'enveloppe qui serait disponible pour le projet.

Autre câble à l'Ile-du-Prince-Édouard

Pendant que les conservateurs promettent des milliards en garantie de prêt à Terre-Neuve, ils refusent 45 millions pour un projet de câbles sous-marins à l'Ile-du-Prince-Édouard, a dénoncé M. Layton.

Deux câbles sous-marins alimentent l'île en électricité. Ces câbles datent de 40 ans. Cet hiver, une défaillance dans un de ces câbles a fait perdre le courant à plus de 10 000 résidents.

L'île veut construire un troisième câble. Elle demande 45 millions au fédéral, soit la moitié du coût du projet. Les conservateurs ne se sont pas encore prononcés sur cette demande. «M. Harper joue des jeux politiques ici», déplorait M. Layton hier lors de son passage à Charlottetown.

Les coûts en énergie ont augmenté de 60% depuis 1998 sur l'île. Le pétrole compte pour 76% de sa consommation d'énergie.

Gilles Duceppe a quant à lui dénoncé une mesure strictement électoraliste. «M. Layton s'oppose à la volonté unanime de l'Assemblée nationale, pour lui, c'est le Canada d'abord, croit-il. Quand vient le temps de gagner des votes à Terre-Neuve, on pile sur le Québec.»