La FTQ donnera encore une fois «un coup de main» au Bloc durant la campagne pour «barrer la route aux conservateurs» et les empêcher de former un gouvernement majoritaire, a annoncé le président du syndicat, Michel Arsenault, ce matin en point de presse avec Gilles Duceppe.

La décision a été prise ce matin par le conseil général de la FTQ -la plus haute instance du syndicat entre deux congrès. La FTQ a toujours appuyé le Bloc, sauf en 2004 où elle s'était seulement opposée aux conservateurs.

Si l'objectif est d'empêcher un gouvernement conservateur majoritaire, pourquoi ne pas appeler plutôt au vote stratégique?

«On va mettre l'énergie où les chances sont bonnes, indique M. Arsenault. Vous ne verrez pas beaucoup de militants de la FTQ faire la promotion du Bloc québécois dans l'ouest de Montréal.» La FTQ concentrera ses énergies entre autres dans la région de Québec, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et «partout ailleurs où on aura besoin d'eux».

Le syndicat a donné une formation politique à certains de ses membres pour intervenir dans la campagne.

M. Arsenault affirme que le Bloc est «en grande partie, sinon complètement en accord avec nos valeurs». Il cite en exemple les positions du Bloc sur les secteurs manufacturiers et forestiers, le travail des migrants, le droit des femmes, l'avortement ainsi que l'équité salariale. La FTQ a aussi déjà pris position en faveur de la souveraineté dans le passé.

Quant à la CSN, où M. Duceppe travaillait avant de se lancer en politique, elle a appelé au vote stratégique. La constitution du syndicat l'interdit d'appuyer un parti politique -mais pas une option politique, comme la souveraineté- lors d'élections.

Pour que M. Accurso témoigne?

Lors de la dernière session parlementaire, le porte-parole du Bloc en Finances, Daniel Paillé, souhaitait que Tony Accurso témoigne en commission parlementaire. Sa motion n'avait toutefois pas été présentée en chambre.

Gilles Duceppe a assuré ce matin que son parti n'avait pas changé de position. Le Bloc demande encore à M. Accurso de témoigner. «On a déposé une motion, a indiqué M. Duceppe. Quand la chambre reprendra, on reprendra nos travaux.»

Le président de la FTQ connaît bien M. Accurso. Il avait déjà séjourné sur son yacht. Il n'a pas voulu dire s'il appuyait cette démarche du Bloc. «C'est de la juridiction du Bloc. C'est à eux de décider. Moi, je ne suis pas le comptable de Tony Accurso», a-t-il affirmé.

La FTQ a été entachée dans les derniers mois par plusieurs allégations de corruption. En décembre, l'entrepreneur Paul Sauvé affirmait que le syndicat serait infiltré par le crime organisé. Des propos repris par le président de la FTQ-Construction, Yves Mercure, lors de sa démission.

M. Duceppe assure être heureux de l'appui de la FTQ. «C'est une grande institution du Québec», a-t-il soutenu ce matin. Il a rappelé que la FTQ est en faveur d'une commission d'enquête publique sur l'industrie de la construction, réclamée par tous les partis à Québec sauf les libéraux.

M. Arsenault soutient que la FTQ ne traverse pas une crise de confiance dans la population. «Quand je fais l'évaluation de notre travail, je sens qu'on a la confiance de bien du monde au Québec», a-t-il assuré. Il explique que 65% des demandes en accréditations dans la dernière année étaient adressées à la FTQ.

Un membre de la FTQ, Dino Lemay, s'est aussi porté candidat dans Hull-Aylmer. Il a voulu utiliser des ressources de la FTQ pour sa campagne avant d'être rappelé à l'ordre par son chef. Son investiture n'a finalement pas eu lieu dans un local de la FTQ, comme cela été initialement prévu.

M. Duceppe a récemment été critiqué par certains intellectuels indépendantistes pour sa trop grande proximité avec les syndicats. L'historien Éric Bédard parlait récemment dans nos pages de CSN-isation du Bloc.