La plateforme du Parti conservateur, dévoilée vendredi, comprend un «trou de 11 milliards de dollars» qui aura un «effet dévastateur» sur la capacité du gouvernement de bien servir les citoyens, a estimé samedi le chef libéral Michael Ignatieff.

«Bien sûr, on veut économiser sur le gouvernement. On veut une gestion serrée, efficace. Mais 11 milliards de dollars en trois ans, ce n'est pas sérieux, ce n'est pas crédible, a souligné M. Ignatieff, à Toronto. Nous avons fait des propositions pour réduire le gaspillage dans le gouvernement. Mais couper 11 milliards de dollars, ça va avoir un effet dévastateur sur les services aux citoyens.»

«Ça va aussi avoir un effet dévastateur sur la crédibilité fiscale de ce régime Harper», a-t-il ajouté.

Selon le chef libéral, les conservateurs, pour remplir leurs promesses, n'auront pas d'autres choix que de réduire certaines dépenses.  

«Les services aux immigrants vont être touchés, l'assurance-emploi, peut-être aussi, les investissements en éducation et, surtout, les soins de santé, a dit M. Ignatieff. Comment peux-tu te rendre à des négociations pour une nouvelle entente sur la santé en 2014 quand tes chiffres ne fonctionnent pas?»

Dans une entrevue réalisée vendredi avec Paul Wells, du magazine Maclean's, le ministre des Finances, Jim Flaherty, a tenté d'expliquer la différence entre les chiffres contenus dans le budget 2011-2012, présenté il y a deux semaines, et ceux de la plateforme conservatrice, beaucoup plus élevés.

Les réponses du ministre n'ont pas impressionné Michael Ignatieff.  

«M. Flaherty était comme un homme en naufrage. Il ne pouvait pas expliquer comment il trouverait 11 milliards de dollars, a souligné le chef libéral. C'est une question de compétence économique élémentaire.»

Les conservateurs ont rapidement réagi pour accuser leurs adversaires libéraux d'induire les Canadiens en erreur. Les 11 milliards de dollars seront économisés sur une période de quatre ans, ont-ils indiqué, soit 1 milliard en 2012-2013, 2 milliards en 2013-2014, pour en arriver à 4 milliards de dollars pour 2014-15 et les années suivantes. Il s'agira, à partir de la troisième année, d'une économie de 5%, chaque année, sur les 80 milliards en dépenses de programmes, une cible que le ministre Flaherty a qualifiée d'«agressive».

Par ailleurs, le chef libéral a approuvé un élément de la plateforme conservatrice: la création d'un Bureau des libertés religieuses au sein du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international.

«Avec tous les exemples de persécution que nous voyons, je pense que le fait d'encourager la liberté de religion, ici comme à l'étranger, est une bonne chose pour le Canada», a souligné M. Ignatieff.