Le combat du maire de Saguenay en faveur de la prière au conseil municipal a des sympathisants parmi les candidats conservateurs de la région.

Ces mêmes conservateurs, néanmoins, s'entendent pour dire que la cause du maire Jean Tremblay ne devrait pas être un enjeu des élections fédérales.

Le combat du maire Tremblay est devenu une cause célèbre de conservatisme social, suscitant des dons de l'extérieur du pays. Jean Tremblay en a contre une ordonnance du Tribunal des droits de la personne de retirer le crucifix et de mettre fin à la prière dans la salle du conseil.

Le député du Bloc québécois dans la circonscription de Chicoutimi-Le Fjord, Robert Bouchard, n'a pas voulu prendre position. Deux conservateurs, un ministre sortant bien en vue et un nouveau candidat, ont affiché plus de soutien au maire.

Le ministre de l'Agriculture et des Anciens Combattants, Jean-Pierre Blackburn, a dit croire que le maire Tremblay avait assumé un «leadership important» dans ce débat, et qu'il s'agit d'une question de valeurs collectives.

Il a toutefois dit croire qu'il ne s'agit pas d'un enjeu de campagne fédérale, ajoutant ne pas avoir entendu parler de la question dans ses rencontres avec les électeurs.

«La religion catholique fait partie de notre expérience collective - pour les gens du Canada et du Québec - et même la constitution fait référence à Dieu. (...) Je crois que les gens veulent préserver leurs valeurs», a fait valoir M. Blackburn.

«Au bout du compte, nous verrons quelle sera la décision de la Cour», a-t-il ajouté.

L'expression publique de la foi est plutôt rare au Québec depuis la mise en place d'une véritable séparation de l'Église catholique et de l'État dans les années 1960. C'est la vague contre laquelle le maire Tremblay nage en ce moment.

Il a porté sa cause devant la Cour d'appel du Québec, après avoir été contraint par le Tribunal des droits de la personne de cesser la prière au conseil et d'abandonner les signes religieux. Le maire a obtenu une injonction cette semaine lui permettant de continuer à réciter la prière d'ici à ce que l'appel soit entendu.

En dépit de l'attention suscitée par l'affaire, elle n'a pas émergé en tant qu'enjeu de campagne dans la région, où les principaux candidats l'évitent en grande partie.

Le plus fort soutien que Jean Tremblay a obtenu à ce jour est venu du politicien fédéral Carol Néron, qui se présente pour les conservateurs dans Chicoutimi-Le Fjord.

«Ma préférence va assurément du côté du maire Jean Tremblay dans ce débat», a dit Carol Néron, ancien éditorialiste du journal «Le Quotidien».

Mais il a aussi ajouté que la controverse autour du maire était «une perte de temps» qui serait mieux investi à «débattre d'autres choses, telles que la pauvreté».

M. Blackburn, député sortant de la circonscription de Jonquière-Alma, a fait valoir que la politique fédérale laissait de la place à la prière. Il a souligné que les sessions de la Chambre des communes s'ouvraient avec un moment de silence.

«Chacun de nous peut invoquer sa propre religion, tout en respectant les autres. Certains font le signe de la croix, d'autres pas. (...) Je crois qu'il est bien que nous puissions agir ainsi au niveau fédéral», a-t-il mentionné.