Le chef libéral Michael Ignatieff s'est engagé, vendredi, à poursuivre après 2014 la progression de 6% dans les transferts en santé aux provinces.  

L'entente entre le fédéral et les provinces sur la santé, signée par Paul Martin en 2004, prendra fin en 2014. Si le Parti conservateur a confirmé déjà que l'accord serait renouvelé après son échéance, les détails, dont une éventuelle progression de l'augmentation des transferts, n'ont pas été dévoilés. Le budget 2011-2012 présenté la semaine du déclenchement des élections, mais qui n'a jamais été adopté, contenait les montants jusqu'en 2013-2014 (30,2 milliards de dollars), mais pas pour la suite, puisque l'entente prend fin.

«Pour 2014-2015 et les exercices suivants, ces taux d'augmentation n'ont pas encore été établis par voie législative, et pourraient donc faire l'objet de changements», stipule l'exercice financier du ministre Jim Flaherty, ce que les libéraux considèrent comme une porte ouverte à une réduction du financement.

Le Parti libéral du Canada s'engage donc à convenir d'un nouvel accord pour maintenir la «stabilité du financement de la santé» pour une période de temps «importante», mais qui devra être négociée avec les provinces.

«J'aimerais avoir un accord pour le plus longtemps possible. Si c'est 10 ans, ce serait formidable», a dit M. Ignatieff.

Les libéraux pensent que les conservateurs de Stephen Harper, avec les dépenses déjà annoncées pour les prochaines années; achat d'avions de chasse, construction de prisons, fractionnement des revenus, hausse des plafonds du compte d'épargne libre d'impôt, n'auront plus les moyens de financer adéquatement le système universel de soins de santé après 2014.

Michael Ignatieff a rappelé que Stephen Harper, avant d'entrer en politique, était président de la Coalition nationale des citoyens (National Citizens Coalition), un groupe de droite qui prône le désengagement de l'État, et avait à cette époque affirmé qu'il fallait que le gouvernement fédéral «se débarrasse» de la Loi canadienne sur la santé, qui assure l'universalité des soins.

«M. Harper a un point de vue idéologique différent du nôtre, a dit le chef libéral. Moi je pense que le gouvernement fédéral a un rôle à jouer pour garantir que tous les citoyens canadiens ont accès aux soins médicaux nécessaires gratuitement.»

Dans leurs négociations avec les provinces, qui doivent commencer immédiatement après les élections, selon M. Ignatieff, les libéraux pousseront deux priorités: les soins à domicile et la couverture des médicaments sur ordonnance.

Mais le chef libéral promet de respecter les compétences des provinces.

«Ingérence du fédéral dans le système de santé québécois: hors de question, a lancé M. Ignatieff. Mais travailler ensemble pour relever les défis communs, oui.»

Alors qu'il dévoilait sa plateforme électorale, le chef conservateur Stephen Harper a promis de poursuivre les transferts aux provinces et mis en doute l'engagement de son adversaire libéral.

«Le bilan de notre gouvernement est clair. Nous l'avons fait année après année. C'est noir sur blanc dans notre plateforme et dans tous nos budgets : nous allons honorer ces augmentations des transferts aux provinces, a dit M. Harper. Notre bilan est clair, nos promesses sont claires.»

«Pour nos adversaires, c'est le contraire: ils ont coupé dans les transferts aux provinces pour la santé et l'éducation avec leurs politiques pour l'économie. On peut prédire la même chose à l'avenir», a-t-il ajouté.

Après une rencontre avec des associations étudiantes à Saguenay, Gilles Duceppe a accueilli favorablement la promesse des libéraux cet après-midi. « Ils veulent poursuivre (de 6% les transferts en santé aux provinces). Tant mieux, je suis du même avis », a-t-il réagi, avant de qualifier cela de « bonne nouvelle. »

- Avec la collaboration d'Hugo De Grandpré et Paul Journet